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18 octobre 2011

Catéchèse à l'école de Marie (2)

Commentaire sur 'La Vraie Dévotion' de Montfort  (14 - 46)

Dieu à l’œuvre
Dans l’introduction de cette série, nous avons établi comment Montfort commence par attirer l’attention sur la façon étonnante avec laquelle Dieu est venu vers les hommes, à savoir par Marie. Que pouvons-nous en apprendre? Qu’a-t-elle à faire avec nous?

"Sortie des mains du Très-Haut"
Montfort affirme que Marie est cent pour cent une créature, totalement humaine comme vous et moi. Il emploie pour cela une expression qui se trouve plus d’une fois dans la bible et qui, chez Jérémie, compare Dieu à un potier: sortie des mains du Très-Haut (VD 14). Quand le potier n’est pas content de son œuvre, il la brise et recommence jusqu’à ce qu’il ait un vase qui lui plaise (Jr 18,4). Ainsi Marie est-elle issue des mains du Très-Haut, dans le but qu’il avait, à savoir réaliser un ciel nouveau et une terre nouvelle pour tous les hommes.

La création
Les 72 livres de la bible constituent un ensemble unique et retracent le grand récit de la création avec, en apothéose, la mort et la résurrection de Jésus et son retour au ciel. A partir de ce regard, Paul appelle le Seigneur ressuscité "le Premier-né de toute créature" (Col 1, 15).

Le Pape Benoît XVI − dans son encyclique sur la Parole de Dieu − réfère à un grand processus qui a au lieu: “La révélation biblique est profondément enracinée dans l’histoire. Le plan de Dieu est progressivement devenu visible et s’est réalisé lentement, en phases successives, souvent malgré et à travers l’opposition des hommes. Dieu choisit un peuple et l’éduque avec patience. »

« Lorsque les temps furent accomplis, Dieu envoya son Fils, né d’un femme », c’est ainsi que St Paul, dans sa lettre aux Galates (Ga 4, 4) décrit le moment décisif de l’entrée de Jésus dans l’histoire.  La ‘descente’ de Jésus et son ‘élévation’ vers le Père est un événement irréversible dans l’œuvre créatrice de Dieu et Montfort indique la place que Marie y tient: “Je dis cependant que les choses étant supposées comme elles sont, Dieu ayant voulu commencer et achever ses plus grands ouvrages par la Très Sainte Vierge depuis qu’il l’a formée, il est à croire qu’il ne changera pas de conduite dans les siècles des siècles, car il est Dieu et ne change point en ses sentiments ni en sa conduite” (VD 15). 

Pour exprimer la ‘descente’ de Jésus, Montfort utilise des mots qui renvoient directement au récit de la création: “ Dieu le Fils est descendu dans son sein virginal comme le nouvel Adam dans son paradis terrestre…” (VD 18). Il s’agit clairement de la nouvelle création. Notre auteur entre plus avant dans cet événement et exprime son admiration: “ O admirable et incompréhensible dépendance d’un Dieu ”, et il pointe déjà une de ses réflexions: si Jésus s’est fait si dépendant de Marie, pourquoi devrions-nous nous craindre de dépendre d’elle?

Marie et l’Église
Pour exprimer plus clairement le lien intime qui existe entre Jésus Christ et les baptisés, saint Paul emploie l’image du corps: il s’agit d’un seul corps dont Jésus est la tête et les baptisés sont les membres (1 Co 12, 12-30). Sur cet arrière-fond, Montfort explique le lien entre Marie et les baptisés, l’Église: “Avec Marie et en elle, le Saint-Esprit a produit son chef-d’œuvre qui est un Dieu fait homme. De la même manière, il produit tous les jours, jusqu’à la fin du monde… les membres du corps de ce chef adorable” (VD 20). Montfort développera de plus en plus cette donnée.

Disons quelques mots sur l’actualité de la pensée de Montfort. Il ne possédait bien sûr pas, au 18e siècle, les traductions actuelles de la bible et ne connaissait pas les techniques modernes de l’exégèse, mais ses conclusions sont exactes. Ainsi nous constatons que Vatican II n’a pas contredit ses intuitions quant à la place de Marie et son action efficace envers les croyants mais qu’il les a approfondies. On sait que les évêques belges, avec leurs théologiens, ont apporté une importante contribution à la rédaction des grands documents conciliaires. Quand on demandait au professeur Philips, rédacteur du texte sur Marie, s’il avait alors les écrits de Montfort sous la main, il répondait: je ne les avais pas matériellement sur mon bureau mais je les portais dans mon cœur. En 2003, Jean-Paul II a écrit une lettre spécialement à la Famille montfortaine. Il y souligne le lien étroit entre les intuitions de Montfort et le document conciliaire Lumen Gentium, et demande de maintenir vivante chez les chrétiens la confiance dans les soins maternels de Marie.

Jadis, par respect pour elle, on plaçait volontiers Marie dans les hauteurs du ciel. On soulignait ainsi la différence entre elle et le monde pécheur. C’était comme si sa place était davantage près Dieu que près des hommes. Grâce à une relecture attentive des données bibliques, Vatican II l’a placée au milieu du peuple de Dieu: elle n’est pas seulement un membre éminent de l’Église, mais elle chemine aussi avec les hommes en route vers le ciel nouveau et la terre nouvelle. “Son amour maternel la rend attentive aux frères et sœurs de son Fils dont le pèlerinage n’est pas achevé, ou qui se trouvent engagés dans les périls et les épreuves, jusqu’à ce qu’ils parviennent à la patrie bienheureuse” (LG 62).

Le terme ‘prédestinés’
De la même manière, Montfort place Marie dans le peuple de Dieu, l’Église vivante. Pour l’exprimer, il se rattache au remarquable livre biblique de l’Ecclésiastique, appelé aujourd’hui  Livre de Ben Sira, un écrivain juif du deuxième siècle avant Jésus Christ. Il voulait encourager ses coreligionnaires et il en avait toutes les raisons. En effet, le peuple juif était menacé de ne plus survivre. Pas seulement parce que le pays était occupé depuis longtemps par les Syriens, mais surtout parce que le nouveau roi avait érigé sur l’esplanade du temple à Jérusalem une grande statue en l’honneur de Zeus et empêchait tout autre culte. C’était, pour le petit reste des croyants, comme si l’œuvre de Dieu avec le peuple juif allait définitivement vers sa fin. L’auteur continue cependant à croire que Dieu poursuivra l’œuvre qu’il a commencée et que, comme autrefois, il continuera à s’appuyer sur quelques-uns. Il reprend pour cela le terme ‘peuple élu’ et l’appelle tantôt ‘Jacob’, tantôt ‘Israël’.

Pour expliquer le rôle de Marie au milieu de ces pauvres ‘élus’ de Dieu, Montfort puise quelques phrases du livre de l’Ecclésiastique. Je traduis le terme ‘prédestinés’ par l’expression très significative ‘mes sympathisants’ ou ‘mes amis’.

"C’est là ta place "
Notre auteur fait dire par Dieu le Père ces paroles à Marie: “ Demeure en Jacob. C’est là – au milieu de mes ‘prédestinés’, mes sympathisants, mes amis qu’est ta place; sois pour eux une vraie mère (VD 29-30). "

Et Dieu le Fils dit à Marie: « Israël sera ton héritage.  Reçois le peuple de Dieu comme héritage, il devient ta propriété. Sois en responsable: « Comme une bonne mère, tu les enfanteras, nourriras, élèveras; et, comme leur souveraine, tu les conduiras, gouverneras et défendras » (VD 31).

Dieu le Saint-Esprit à son tour lui dit: Jette tes racines dans mes élus ”… Sois active en eux. “Laisse toutes tes vertus prendre racine dans mes ‘amis’ pour les faire croître de vertu en vertu et de grâce en grâce…Donne-moi la joie de retrouver en eux les racines de ta foi invincible, de ton humilité profonde, de ta mortification universelle, de ton oraison sublime, de ta charité ardente et de toutes tes autres vertus…” (VD 34).

“…Quand Marie a jeté ses racines dans un âme, elle y produit des merveilles de grâce
qu’elle seule peut produire.” (VD 35). “…
Quand le Saint-Esprit, son Époux, l’a trouvée dans une âme, il y vole,
il y entre pleinement, il se communique à cette âme abondamment” (VD 36).

En guise de conclusion
D’après Montfort, il ne peut en être autrement : Marie a reçu un  grand pouvoir sur les ‘amis’ de Dieu et, comme en témoigne l’histoire, elle a pris son rôle à cœur (VD 37- 48).
Le prochain article parlera de Marie dans l’accomplissement de l’œuvre de Dieu (VD 49-59).
Père Frans Fabry, directeur
Note:
Les chiffres entre parenthèses renvoient aux numéros de la Vraie Dévotion (VD) et du document conciliaire  Lumen Gentium (LG).

"Sortie des mains du Très-Haut" - VD 14

Approfondissement de ce qui est dans le texte:
 'Catéchèse à l'école de Marie du mois d' octobre.
Nous lisons dans la Vraie Dévotion le n° 14:

14. J'avoue, avec toute l'Eglise, que Marie n'étant qu'une pure créature sortie des mains du Très-Haut, comparée à sa Majesté infinie, est moindre qu'un atome, ou plutôt n'est rien du tout, puisqu'il est seul "Celui qui est", et que, par conséquent, ce grand Seigneur, toujours indépendant et suffisant à lui-même, n'a pas eu ni n'a pas encore absolument besoin de la Très Sainte Vierge pour l'accomplissement de ses volontés et pour la manifestation de sa gloire. Il n'a qu'à vouloir pour tout faire.

La Création - VD 15 et 18


Approfondissement du texte avec article 15 et 18 que nous lisons dans 'La Vraie Dévotion':

15. Je dis cependant que, les choses supposées comme elles sont, Dieu ayant voulu commencer et achever ses plus grands ouvrages par la Très Sainte Vierge depuis qu'il l'a formée, il es à croire qu'il ne changera point de conduite dans les siècles des siècles, car il est Dieu, et ne change point en ses sentiments ni en sa conduite.
18. Dieu le Fils est descendu dans son sein virginal, comme le nouvel Adam dans son paradis terrestre, pour y prendre ses complaisances et pour y opérer en cachette des merveilles de grâce. Ce Dieu fait homme a trouvé sa liberté à se voir emprisonné dans son sein; il a fait éclater sa force à se laisser porter par cette petite fille.  O admirable et incompréhensible dépendance d'un Dieu.

Marie et l' Eglise - VD 20 et LG 62


Quand nous lisons dans l'article 'Catéchèse à l'école de Marie', nous arrivons sur le passage 'Marie et l'Eglise'. Ici nous citons le numéro 20 que le père de Montfort a écrit dans 'La Vraie Dévotion':

20. Dieu le Saint-Esprit étant stérile en Dieu, c'est-à-dire ne produisant point d'autre personne divine, est devenu fécond par Marie qu'il a épousée. C'est avec elle et en elle et d'elle qu'il a produit son chef-d'oeuvre, qui est un Dieu fait homme, et qu'il produit tous les jours jusqu'à la fin du monde les prédestinés et les membres du corps de ce chef adorable: c'est pourquoi plus il trouve Marie, sa chère et indissoluble Epouse, dans une âme, et plus il devient opérant et puissant pour produire Jésus-Christ en cette âme et cette âme en Jésus-Christ.


Ci-dessous nous citons encore le passage d'une écriture de l'Eglise 'Lumen Gentium' n° 62:
“Son amour maternel la rend attentive aux frères et sœurs de son Fils dont le pèlerinage n’est pas achevé, ou qui se trouvent engagés dans les périls et les épreuves, jusqu’à ce qu’ils parviennent à la patrie bienheureuse” (LG 62).

Le terme 'prédestinés'


De la même manière, Montfort place Marie dans le peuple de Dieu, l’Église vivante. Pour l’exprimer, il se rattache au remarquable livre biblique de l’Ecclésiastique, appelé aujourd’hui  Livre de Ben Sira, un écrivain juif du deuxième siècle avant Jésus Christ. Il voulait encourager ses coreligionnaires et il en avait toutes les raisons. En effet, le peuple juif était menacé de ne plus survivre. Pas seulement parce que le pays était occupé depuis longtemps par les Syriens, mais surtout parce que le nouveau roi avait érigé sur l’esplanade du temple à Jérusalem une grande statue en l’honneur de Zeus et empêchait tout autre culte. C’était, pour le petit reste des croyants, comme si l’œuvre de Dieu avec le peuple juif allait définitivement vers sa fin. L’auteur continue cependant à croire que Dieu poursuivra l’œuvre qu’il a commencée et que, comme autrefois, il continuera à s’appuyer sur quelques-uns. Il reprend pour cela le terme ‘peuple élu’ et l’appelle tantôt ‘Jacob’, tantôt ‘Israël’.
Pour expliquer le rôle de Marie au milieu de ces pauvres ‘élus’ de Dieu, Montfort puise quelques phrases du livre de l’Ecclésiastique. Je traduis le terme ‘prédestinés’ par l’expression très significative ‘mes sympathisants’ ou ‘mes amis’.

"C’est là ta place "

VD 29 - 31 - 34 - 35 - 36 - 37 - 38 - 39 - 43

Nous arrivons à la fin du texte 'Catéchèse à l'école de Marie' avec le passage: 'C'est là ta place'. 
Nous citons des numéros que le Père de Montfort a écrit dans 'La Vraie Dévotion':
29. Dieu le Père se veut faire des enfants par Marie jusqu'à la consommation du monde, et il lui dit ces paroles: In Jacob inhabita: demeurez en Jacob, c'est-à-dire faites votre demeure et résidence dans mes enfants et prédestinés, figurés par Jacob.

31. Comme leur bonne mère, vous les enfanterez, nourrirez, élèverez; et, comme leur souveraine, vous les conduirez, gouvernerez et défendrez.

34. Dieu le Saint-Esprit veut se former en elle et par elle des élus et il lui dit: In electis meis mitte radices. Jetez, ma bien-aimée et mon Epouse, les racines de toutes vos vertus dans mes élus, afin qu'ils croissent de vertu en vertu et de grâce en grâce. J'ai pris tant de complaisance en vous, lorque vous viviez sur la terre dans la pratique des plus sublimes vertus, que je désire encore vous trouver sur la terre, sans cesser d'être dans le ciel. Reproduisez-vous pour cet effet dans mes élus: que je voie en eux avec complaisance les racines de votre foi invincible, de votre humilité profonde, de votre mortification universelle, de votre oraison sublime, de votre charité ardente, de votre espérance ferme et de toutes vos vertus. Vous êtes toujours mon Epouse aussi fidèle, aussi pure et aussi féconde que jamais: que votre foi me donne des fidèles; que votre pureté me donne des vierges, que votre fécondité me donne des élus et des temples.

35. Quand Marie a jeté ses racines dans une âme, elle y produit des merveilles de grâces qu'elle seule peut produire parce qu'elle est seule la Vierge féconde qui n'a jamais eu ni n'aura jamais sa semblable en pureté et en fécondité.
Marie a produit, avec le Saint-Esprit, la plus grande chose qui ait été et sera jamais, qui est un Dieu-Homme, et elle produira conséquemment les plus grandes choses qui seront dans les derniers temps. La formation et l'éducation des grands saints qui seront sur la fin du monde lui est réservée; car il n'y a que cette Vierge singulière et miraculeuse qui peut produire, en union du Saint-Esprit, les choses singulières et extraordinaires.

36. Quand le Saint-E sprit, son Epoux, l'a trouvée dans une âme, il y vole, il y entre pleinement, il se communique à cette âme abondamment et autant qu'elle donne place à son Epouse.

37.  On doit conclure évidemment de ce que je viens de dire:
Premièrement, que Marie a reçu de Dieu une grande domination dans les âmes des élus: car elle ne peut pas faire en eux sa résidence, comme Dieu le Père lui a ordonné; les former, les nourrir et les enfanter à la vie éternelle comme leur mère, les avoir pour son héritage et sa portion, les former en Jésus-Christ et Jésus-Christ en eux; jeter dans leur coeur les racines de ses vertus, et être la compagne indissoluble du Saint-Esprit pour tous ces ouvrages de grâces; elle ne peut pas, dis-je, faire toutes ces choses, qu'elle n'ait droit et domination dans leurs âmes par une grâce singulière du Très-Haut, qui, lui ayant donné puissance sur son Fils unique et naturel, la lui a aussi donné sur ses enfants adoptifs, non seulement quant au corps, ce qui serait peut de chose, mais aussi quant à l'âme.

38. Marie est la Reine du ciel et de la terre par grâce, comme Jésus en est le Roi par nature et par conquête. Or, comme le royaume de Jésus-Christ consiste principalement dans le coeur ou l'intérieur de l'homme, selon cette parole: Le royaume de Dieu est au-dedans de vous, de même le royaume de la Très Sainte Vierge est principalement dans l'intérieur de l'homme, c'est-à-dire dans son âme, et c'est principalement dans les âmes qu'elle est plus glorifiée avec son Fils que dans toutes les créatures visibles, et nous pouvons l'appeler avec les saints la Reine des Coeurs.

39. Secondement, il faut conclure que la Très Sainte Vierge étant nécessaire à Dieu, d'une nécessité qu'on appelle hypothétique, en conséquence de sa volonté, elle est bien plus nécessaire aux hommes pour arriver à leur dernière fin. Il ne faut donc pas mêler la dévotion à la Très Sainte Vierge avec les dévotions aux autres saints, comme si elle n'était pas plus nécessaire, et que de surérogation.

43. Si la dévotion à la Très Sainte Vierge est nécessaire à tous les hommes pour faire simplement leur salut, elle l'est encore beaucoup plus à ceux qui sont appelés à une perfection particulière; et je ne crois pas qu'une personne puisse acquérir une union intime avec Notre-Seigneur et une parfaite fidélité au Saint-Esprit, sans une très grande union avec la Très Sainte Vierge et une grande dépendance de son secours.

Catéchèse à l'école de Marie (1)


Commentaire sur 'La Vraie Dévotion' de Montfort     

Lire la bible n’est pas facile. En effet, la bible n’est pas un simple livre mais plutôt une bibliothèque, une série d’écrits de genres littéraires variés et souvent réalisés dans des situations très différentes. Ils parlent de la ‘voie’ que le Seigneur a choisie pour rencontrer les hommes avec, comme point culminant, ‘l’avènement’ de Jésus dans le monde. On peut étudier les livres de cette bibliothèque de manière savante, distante, mais on peut aussi les approcher pour ce qu’ils sont: la Parole de Dieu, une parole qui demande réflexion et réponse, aujourd’hui aussi. Il est donc question de lire la bible avec un cœur qui écoute. Pour cette lecture le père de Montfort a choisi la Vierge Marie comme guide; auprès d’elle il a appris comment entrer personnellement dans l’agir de Dieu et contribuer à la réalisation de son grand projet. Son écrit La Vraie Dévotion est perçu mondialement comme une aide concrète pour amener les chrétiens à une foi adulte. Le langage dont il se sert est tributaire de son temps, mais ses intuitions sont profondément bibliques.


Une mise en garde dès la première phrase
À plusieurs reprises le Seigneur avertit le lecteur de la bible: « Vos pensées ne sont pas mes pensées. » Cet avertissement nous met sur une piste nécessaire pour découvrir la profondeur de la première phrase du livre de Montfort, énoncé surprenant hier comme aujourd’hui. En effet, quasi spontanément l’homme s’imagine un dieu qui n’existe pas. Le Dieu des chrétiens est un Dieu qui surprend: Il se montre ‘dépendant’. Il promet un ciel nouveau et une terre nouvelle, mais Il tient à ‘s’appuyer’ sur les hommes. Voilà une donnée biblique essentielle, chez Montfort aussi.

Depuis le commencement, Dieu compte sur les hommes. À Abraham, il fait une promesse réitérée sans cesse, ‘sous serment’ précisent plusieurs auteurs. Dieu se tourne vers Abraham avec une demande de grande envergure: quitte tout et pars vers un avenir que tu vas découvrir. Bien plus tard, en la personne de Jésus Christ, d’autres découvriront le sens profond de ces paroles, un aboutissement qui étonne: Dieu qui devient homme et descend au plus profond de la misère humaine, pour le libérer et le conduire définitivement auprès de Lui.
Montfort focalise sa pensée sur le moment décisif de cette ‘voie’ de Dieu et écrit: « C’est par la Très Sainte Vierge Marie que Jésus Christ est venu au monde, et c’est aussi par elle qu’Il doit régner dans le monde. »
Qu’y a-t-il de particulier dans cette première phrase?
Justement ceci: on s’imaginait Dieu tout différent, un Dieu grand, tout-puissant et certainement indépendant. Or, la façon dont Jésus est entré dans le monde dévoile un Dieu extrêmement humble et très proche: « Jésus image du Dieu invisible », comme le dit St Paul. « L’esprit humain se perd, lorsqu’il fait une sérieuse réflexion sur la conduite du Dieu fait homme » écrit Montfort (VD 139).
Un Dieu demandeur
En parcourant l’Ancien aussi bien que le Nouveau Testament, son cœur attentif était fort sensible aux plaintes de Dieu devant l’humanité qui poursuit des pistes trompeuses. Dans L’Amour de la Sagesse Éternelle, il résume: « Ô hommes! ô enfants des hommes! c’est à vous que Je crie depuis si longtemps; c’est vous que Je désire, c’est vous que Je cherche. Ecoutez, venez à moi, je veux vous rendre heureux… J’aime ceux qui M’aiment et celui qui Me cherche diligemment Me trouvera et, Me trouvant, trouvera une abondance de biens… Et soyez persuadés que mes plus doux plaisirs, mes plus chères délices sont de converser et de demeurer avec les enfants des hommes» (ASE 66-67). Dieu tient à échanger avec les hommes et à demeurer chez eux. Dans La Vraie Dévotion Montfort offre des pistes pour répondre au Sauveur qui veut rendre l’homme heureux.

Le lecteur attentif de la bible découvre que, quand Il s’adresse à quelqu’un, que ce soit à Abraham, Moise, David ou telle ou telle autre personne, Dieu demande au moins implicitement: « S’il-te-plaît, veux-tu collaborer avec moi? » De plus, on constate qu’Il ne s’adresse pas à n’importe qui. De Moïse par exemple, l’auteur signale qu’il s’agissait d’un homme selon le cœur de Dieu. Que penser alors de la Vierge Marie, destinée à vivre une proximité du Tout-Autre jamais égalée? Pour Montfort c’est clair: la jeune fille inconnue de Nazareth, sur laquelle Dieu a osé s‘appuyer, devait avoir des qualités uniques. Dans la première phrase citée, il la qualifie de « Très Sainte Vierge. » Ces qualificatifs réfèrent au récit de l’annonce à Nazareth: « Pleine de grâce »; « Le Seigneur est avec toi »; « Tu as trouvé grâce auprès de Dieu »; « L’Esprit Saint viendra sur toi »; « La puissance du Très-Haut te prendra sous son ombre. » L‘impossible s’est réalisé: en elle, Dieu a établi sa demeure. C’est pourquoi Montfort n’hésitera pas à l’appeler parfois la « divine Marie. »
La question du catéchète
Si Marie est tellement exceptionnelle aux yeux de Dieu, comment se fait-il qu’elle soit restée cachée? C’est à peine si les évangélistes parlent d’elle. Montfort en fait le constat et conclut qu’il y a sans doute des raisons. Son premier réflexe est de référer à l’humilité de la Vierge Marie, l’humilité est une des grandes caractéristiques du Dieu de la bible ; il s’agit du niveau où Dieu et l’homme peuvent se rejoindre. L’excellence de la dévotion qu’il propose, « c’est pratiquer l’humilité qui ravit toujours le cœur de Dieu » écrit-il dans le Secret de Marie (SM 36). Puis il ajoute le raisonnement d’anciens auteurs et cite entre autres l’hypothèse que les parents mêmes de Marie ne savaient pas qui elle était vraiment et en donne une explication acceptable: si ses contemporains l’avaient reconnue de la sorte, ils se seraient égarés sans doute, ils l’auraient considérée comme une déesse! Ensuite, Montfort loue les nombreux saints qui ont écrit des choses merveilleuses en l’honneur de Marie et les chrétiens du monde entier qui la vénèrent par des multiples prières et cantiques. Il cite ceux qui lui catéchèse   à l’école ont dédié des églises et cathédrales, il réfère aux pèlerinages et aux processions pour l’honorer, aux instituts et associations qui portent son nom et termine l’énumération en disant que même les petits enfants la louent par un simple Ave Maria.

« Et pourtant », ajoute-t-il, – et il se sert de majuscules qui sautent aux yeux – « Quant à Marie, jamais assez. » Marie n’est pas assez louée, exaltée, honorée, aimée et servie; elle mérite bien plus. Cet énoncé a fait sursauter ceux qui trouvent que la Vierge Marie est trop vénérée et que les dévotions empêchent les gens de s’adresser à Dieu. Il faut que ces opposants lisent plus loin pour dé-couvrir que la dévotion que Montfort propose conduit directement au Christ.

Vatican II – situant Marie dans l’œuvre de Dieu – prolonge les intuitions de Montfort: « Son amour maternel la rend attentive aux frères de son Fils dont le pèlerinage n’est pas achevé, ou qui se trouvent engagés dans les périls et les épreuves, jusqu’à ce qu’ils parviennent à la patrie bienheureuse… » « La vraie dévotion procède de la vraie foi qui… nous pousse à aimer cette Mère d’un amour filial, et à poursuivre l’imitation de ses vertus… » « La Mère de Jésus représente et inaugure l’Église en son achèvement dans le siècle futur, de même sur cette terre, en attendant la venue du jour du Seigneur, elle brille déjà comme un signe d’espérance assurée et de consolation devant le peuple de Dieu en pèlerinage » (LG 62-68).

 C’est une erreur de croire que par le baptême on est chrétien une fois pour toutes, trop souvent on oublie qu’on doit ‘devenir chrétien adulte’ et que Marie peut nous y aider considérablement.
Le prochain article portera sur Marie dans l’agir de Dieu et sa mission dans l’Église (VD no 14-46).
Frans Fabry
Note:
VD réfère au livre La Vraie Dévotion; 

SM au Secret de Marie; 

ASE à L’Amour de la Sagesse éternelle.

Approfondissement VD 1 - 139


Approfondir le texte du magazine 'Médiatrice et Reine' de septembre 2011 - Catéchèse à l'école de Marie 

Une mise en garde dès la première phrase: 
Nous lisons n°1 dans 'la Vraie Dévotion': 
1. C'est par la Très Sainte Vierge Marie que Jésus-Christ est venu au monde, et c'est aussi par elle qu'il doit régner dans le monde. 

Qu’y a-t-il de particulier dans cette première phrase? 
Nous lisons n° 139 dans 'la Vraie Dévotion': 
139. Second motif, qui nous montre qu'il est juste en soi-même et avantageux au chrétien de se consacrer tout entier à la Très Sainte Vierge par cette pratique, afin d'être plus parfaitement à Jésus-Christ. Ce bon Maître n'a pas dédaigné de se renfermer dans le sein de la Sainte Vierge comme un captif et un esclave amoureux, et de lui être soumis et obéissant pendant trente années. C'est ici, je le répète, que l'esprit humain se perd, lorsqu'il fait une sérieuse réflexion à cette conduite de la Sagesse incarnée, qui n'a pas voulu, quoiqu'elle le pût faire, se donner directement aux hommes, mais par la Très Sainte Vierge; qui n'a pas voulu venir au monde à l'âge d'un homme parfait, indépendant d'autrui, mais comme un pauvre et petit enfant, dépendant des soins et de l'entretien de sa sainte Mère. Cette Sagesse infinie, qui avait un désir immense de glorifier Dieu son Père et de sauver les hommes, n'a point trouvé de moyen plus parfait et plus court pour le faire que de se soumettre en toutes choses à la Très Sainte Vierge, non seulement pendant les huit, dix ou quinze années premières de sa vie, comme les autres enfants, mais pendant trente ans; et elle a plus donné de gloire à Dieu son Père, pendant tout ce temps de soumission et de dépendance de la Très Sainte Vierge, qu'elle ne lui en eût donné en employant ces trente ans à faire des prodiges, à prêcher par toute la terre, à convertir tous les hommes; si autrement, elle l'aurait fait. Oh! oh! qu'on glorifie hautement Dieu en se soumettant à Marie, à l'exemple de Jésus! Ayant devant nos yeux un exemple si visible et si connu de tout le monde, sommes-nous assez insensés pour croire trouver un moyen plus parfait et plus court pour glorifier Dieu que celui de se soumettre à Marie, à l'exemple de son Fils?

Approfondisement ASE 66 et 67

Un approfondissement sur le texte 'Catéchèse à l'école de Marie'
Le texte intégrale des numéro's 66 et 67 du livre 'L'Amour de la Sagesse éternelle'

66. Tantôt pour trouver l'homme, elle court dans les grands chemins; tantôt elle monte sur la pointe des plus hautes montagnes; tantôt elle vient aux portes des villes; tantôt elle entre jusques dans les places publiques, au milieu des assemblées, criant le plus haut qu'elle peut: "O viri, ad vos clamito, et vox mea ad filios hominum: O hommes! ô enfants des hommes! c'est à vous que je crie depuis si longtemps; c'est à vous que ma voix s'adresse; c'est vous que je désire; c'est vous que je cherche; c'est vous que je réclame. Ecoutez, venez à moi; je veux vous rendre heureux." Et, pour les attirer puissamment, elle leur dit: "C'est par moi et par ma grâce que les rois règnent, que les princes commandent, et que les potentats et les monarques portent le sceptre et la couronne. C'est moi qui inspire aux législateurs la science de dresser de bonnes lois pour policer les Etats, et qui donne la force aux magistrats d'exercer équitablement et sans crainte la justice.
67. J'aime ceux qui m'aiment, et quiconque me cherche diligemment me trouvera, et, me trouvant, trouvera abondance de tous biens. Car les richesses, la gloire, les honneurs, les dignités, les solides plaisirs et les vraies vertus sont avec moi; et il est imcomparablement meilleur à un homme de me posséder que de posséder tout l'or et tout l'argent du monde, toutes les pierreries et tous les biens de tout l'univers. Je conduis les personnes qui viennent à moi par les voies de la justice et de la prudence, et je les enrichis de la possession des vrais enfants, jusqu'au comble de leurs désirs. Et soyez persuadés que mes plus doux plaisirs et mes plus chères délices sont de converser et de demeurer avec les enfants des hommes. [cf. Pr 8,31]

Approfondissement


Approfondissement sur le texte: Catéchèse à l'école de Marie du magazine 'Médiatrice et Reine' de septembre 2011.
Si Marie est tellement exceptionnelle aux yeux de Dieu, comment se fait-il qu’elle soit restée cachée? C’est à peine si les évangélistes parlent d’elle. Montfort en fait le constat et conclut qu’il y a sans doute des raisons. Son premier réflexe est de référer à l’humilité de la Vierge Marie, l’humilité est une des grandes caractéristiques du Dieu de la bible ; il s’agit du niveau où Dieu et l’homme peuvent se rejoindre. L’excellence de la dévotion qu’il propose, «c’est pratiquer l’humilité qui ravit toujours le cœur de Dieu » écrit-il dans le Secret de Marie (SM 36)
Ci-dessous vous trouvez le texte en entier de SM 36:


36. 2º Aller à Jésus-Christ par Marie, c'est véritablement honorer Jésus-Christ, parce que c'est marquer que nous ne sommes pas dignes d'approcher de sa sainteté infinie directement par nous-mêmes, à cause de nos péchés, et
que nous avons besoin de Marie, sa sainte Mère, pour être notre avocate et notre médiatrice auprès de lui, qui est notre médiateur. C'est en même temps s'approcher de lui comme de notre médiateur et notre frère, et nous humilier devant lui comme devant notre Dieu et notre juge: en un mot, c'est pratiquer l'humilité qui ravit toujours le coeur de Dieu.

La Vraie Dévotion 1 - 2 - 3


Grignion de Montfort a écrit dans 'La Vraie Dévotion:
1.
 C'est par la Très SainteVierge Marie que Jésus-Christ est venu au monde, et c'est aussi par elle qu'il doit régner dans le monde.
2. Marie a été très cachée dans sa vie: c'est pourquoi elle est appelée par le Saint-Esprit et l'Eglise Alma Mater: Mère cachée et secrète. Son humilité a été si profonde qu'elle n'a point eu sur la terre d'attrait plus puissant et plus continuel que de se cacher à elle-même et à toute créature, pour n'être conne que de Dieu seul.
3. Dieu, pour l'exaucer dans les demandes qu'elle lui fit de la cacher, appauvrir et humilier, a pris plaisir à la cacher dans sa conception, dans sa naissance, dans sa vie, dans ses mystères, dans sa résurrection et assomption, à l'égard de presque toute créature humaine. Ses parents mêmes ne la connaissaient pas; et les anges se demandaient souvent les uns aux autres: Quae est ista? Qui est celle-là? Parce que le Très-Haut la leur cachait; ou, s'il leur en découvrait quelque chose, il leur en cachait infiniment davantage.

La Vraie Dévotion n° 4 - 5 - 6


Nous lisons avec le Père de Montfort:
4. Dieu le Père a consentit qu'elle ne fit point de miracle dans sa vie, du moins qui éclatât, quoiqu'il lui en eût donné la puissance. Dieu le Fils a consenti qu'elle ne parlât presque point, quoiqu'il lui eût communiqué sa sagesse. Dieu le Saint-Esprit a consenti que ses Apôtres et ses Evangélistes n'en parlassent que très peu et qu'autant qu'il était nécessaire pour faire connaître Jésus-Christ, quoiqu'elle fût son Epouse fidèle.
5. Marie est l'excellent chef-d’œuvre du Très-Haut, dont il s'est réservé la connaissance et la possession. Marie est la Mère admirable du Fils, qu'il a pris plaisir à humilier et à cacher pendant sa vie, pour favoriser son humilité, la traitant du nom de femme, mulier, comme une étrangère, quoique dans son cœur il l'estimât et l'aimât plus que tous les anges et les hommes.
Marie est la fontaine scellée et l'Epouse fidèle du Saint-Esprit, où il n'y a que lui qui entre. Marie est le sanctuaire et le repos de la Sainte-Trinité, où Dieu est plus magnifiquement et divinement qu'en aucun lieu de l'univers, sans excepter sa demeure sur les chérubins et les séraphins; et il n'est pas permis à aucune créature, quelque pure qu'elle soit, d'y entrer sans un grand privilège.
6. Je dis avec les saints: La divine Marie est le paradis terrestre du nouvel Adam, où il s'est incarné par l'opération du Saint-Esprit, pour y opérer des merveilles incompréhensibles. C'est le grand et le divin monde de Dieu, où il y a des beautés et des trésors ineffables. C'est la magnificence du Très-Haut, où il a caché, comme dans son sein, son Fils unique, et en lui tout ce qu'il y a de plus excellent et précieux. Oh! oh! que de choses grandes et cachées ce Dieu puissant a faites en cette créature admirable, comme elle est elle-même obligée de le dire, malgré son humilité profonde: Fecit mihi magna qui potens est. Le monde ne les connaît pas, parce qu'il en est incapable et indigne.

La Vraie Dévotion n° 7 - 8 - 9


7. Les saints ont dit des choses admirables de cette sainte cité de Dieu; et ils n'ont jamais été plus éloquents et plus contents, comme ils l'avouent eux-mêmes, que quand ils en ont parlé. Après cela, ils s'écrient que la hauteur de ses mérites, qu'elle a élevés jusqu'au trône de la Divinité, ne se peut apercevoir; que la largeur de sa charité, qu'elle a plus étendue que la terre, ne se peut mesurer; que la grandeur de sa puissance, qu'elle a jusque sur un Dieu même, ne se peut comprendre; et, enfin, que la profondeur de son humilité et de toutes ses vertus et ses grâces, qui sont un abîme, ne se peut sonder. O hauteur incompréhensible! O largeur ineffable! O grandeur démesurée! O abîme impénétrable!
8. Tous les jours, d'un bout de la terre à l'autre, dans le plus haut des cieux, dans le plus profond des abîmes, tout prêche, tout publie l'admirable Marie. Les neuf chœurs des anges, les hommes de tous sexes, âges, conditions, religions, bons et mauvais, jusqu'aux diables, sont obligés de l'appeler bienheureuse, bon gré, mal gré, par la force de la vérité. Tous les anges dans les cieux lui crient incessamment, comme dit saint Bonaventure: Sancta, sancta, sancta Maria, Dei Genitrix et Virgo; et lui offrent millions de millions de fois tous les jours la Salutation des anges: Ave, Maria, etc., en se prosternant devant elle, et lui demandant pour grâce de les honorer de quelques-uns de ses commandements. Jusqu'à saint Michel [qui], dit saint Augustin, quoique le prince de toute la cour céleste, est le plus zélé à lui rendre et à lui faire rendre toutes sortes d'honneurs, toujours en attente pour avoir l'honneur d'aller, à sa parole, rendre service à quelqu'un de ses serviteurs.
9. Toute la terre est pleine de sa gloire, particulièrement chez les chrétiens où elle est prise pour tutélaire et protectrice en plusieurs royaumes, provinces, diocèses et villes. Plusieurs cathédrales consacrées à Dieu sous son nom. Point d'église sans autel en son honneur: point de contrée ni canton où il n'y ait quelqu'une de ses images miraculeuses, où toutes sortes de maux sont guéris et toutes sortes de biens obtenus. Tant de confréries et congrégations en son honneur! tant de religions sous son nom et sa protection! tant de confrères et de sœurs de toutes les confréries et tant de religieux et religieuses de toutes les religions qui publient ses louanges et qui annoncent ses miséricordes! Il n'y a pas un petit enfant qui, en bégayant l'Ave Maria, ne la loue; il n'y a guère de pécheurs qui, en leur endurcissement même, n'aient en elle quelque étincelle de confiance; il n'y a pas même de diable dans les enfers qui, en la craignant, ne la respecte.

La Vraie Dévotion n° 10 - 11 - 12 - 13


10.  Après cela, il faut dire, en vérité, avec les saints: De Maria nunquam satis. On n'a point encore assez loué, exalté, honoré, aimé et servi Marie. Elle mérite encore plus de louanges, de respects, d'amours et de services.

11. Après cela, il faut dire avec le Saint-Esprit: Omnis gloria ejus filiae Regis ab intus: Toute la gloire de la fille du Roi est au dedans: comme si toute la gloire extérieure que lui rendent à l'envi toute la terre n'était rien, en comparaison de celle qu'elle reçoit au-dedans par le Créateur, et qui n'est point connue des petites créatures, qui ne peuvent pénétrer le secret des secrets du Roi.

12. Après cela, il faut nous écrier avec l'Apôtre: Nec oculus vidit, nec auris audivit, nec in cor hominis ascendit: Ni l'œil n'a pas vu, ni l'oreille n'a entendu, ni le cœur de l'homme n'a compris les beautés, les grandeurs et excellences de Marie, le miracle des miracles de la grâce, de la nature et de la gloire. Si vous voulez comprendre la Mère, dit un saint, comprenez le Fils. C'est une digne Mère de Dieu: Hic taceat omnis lingua: Que toute langue demeure muette ici.

13. Mon cœur vient de dicter tout ce que je viens d'écrire, avec une joie particulière, pour montrer que la divine Marie a été inconnue jusqu'ici, et que c'est une des raisons pourquoi Jésus-Christ n'est point connu comme il doit être. Si donc, comme il est certain, la connaissance et le règne de Jésus-Christ arrivent dans le monde, ce ne sera qu'une suite nécessaire de la connaissance et du règne de la Très Sainte Vierge Marie, qui l'a mis au monde la première fois et le fera éclater la seconde.