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7 mai 2012

Catéchèse à l'école de Marie (8)


Commentaire sur La Vraie Dévotion de Montfort (134 - 182) 

Montfort éveille l’esprit du lecteur

« Il faut maintenant que nous voyions, le plus brièvement que nous pourrons, les motifs qui doivent nous rendre cette dévotion recommandable», Montfort au n°134. Après avoir développé le spécifique de la ‘dévotion’, il consacre ses énergies à éveiller l’esprit du lecteur et l’encourager à se jeter dans les bras de la Sainte Vierge, étant convaincu que c’est la façon la plus efficace pour contribuer au Règne de Dieu.  Le service de Dieu, voilà l’unique objectif.
L’excellence de cette ‘dévotion’

L’auteur commence par une constatation. On ne peut concevoir d’emploi plus relevé que le service de Dieu ; il n’y a pas de serviteur plus noble que celui qui se dévoue à son service entièrement et sans réserve. « Tel est un fidèle et amoureux esclave de Jésus en Marie, qui s'est donné tout entier au service de ce Roi des rois, par les mains de sa sainte Mère, et qui n'a rien réservé pour soi-même » (135). Et il n’y a pas de doute, le Seigneur sera généreux vis-à-vis de celui qui se montre généreux envers lui.

L’agir de Dieu dans les évangiles

Montfort ne fait pas ici une exégèse au sens strict du terme, mais lisant entre les lignes des évangiles, il s’étonne devant l’humiliation du Seigneur qui s’incarne. Lui, de condition divine, a pris la condition du serviteur ! Voilà une image inattendue de notre Dieu. « C'est ici, dit l’auteur, que l'esprit humain se perd, lorsqu'il fait une sérieuse réflexion à cette conduite de la Sagesse incarnée, qui n'a pas voulu, quoiqu'elle pût le faire, se donner directement aux hommes, mais par la Très Sainte Vierge; qui n'a pas voulu venir au monde à l'âge d'un homme parfait, indépendant d'autrui, mais comme un pauvre et petit enfant, dépendant des soins et de l'entretien de sa sainte Mère » (139).

L’auteur résume ce qu’il a écrit précédemment quant à la place unique de la Vierge Marie dans l’agir du Père, du Fils et du Saint Esprit (cf. 14-39) : « Le Père n'a donné et ne donne son Fils que par elle, ne se fait des enfants que par elle, et ne communique ses grâces que par elle; Dieu le Fils n'a été formé pour tout le monde et engendré que par elle dans l'union au Saint-Esprit, et ne communique ses mérites et ses vertus que par elle; le Saint-Esprit n'a formé Jésus-Christ que par elle, ne forme les membres de son Corps mystique que par elle, et ne dispense ses dons et faveurs que par elle ». Et il conclut : « Après tant et de si pressants exemples de la très Sainte Trinité, pouvons-nous, sans un extrême aveuglement, nous passer de Marie, et ne pas nous consacrer à elle, et dépendre d'elle pour aller à Dieu et pour nous sacrifier à Dieu? » (140).

La Vierge Marie prend sa mission à cœur !

« La Vierge Marie qui ne se laisse jamais vaincre en amour et en générosité…se donne aussi tout entière et d'une manière ineffable à celui qui lui donne tout. Elle … l'éclaire de sa lumière; elle l'embrase de son amour; elle lui communique ses vertus : son humilité, sa foi, sa pureté… Enfin, comme cette personne consacrée est toute à Marie, Marie est aussi toute à elle… » (144). Voilà ce qui arrive à celui qui fait comme saint Jean et ‘prend Marie pour tous ses biens’. Cette présence active transformera progressivement cette personne et, comme Montfort le dira plus loin, de plus en plus elle deviendra semblable à Marie.

Contribuer à la gloire de Dieu

A plusieurs reprises dans la Bible, le Seigneur rappelle aux hommes que ses pensées ne sont pas nos pensées, alors qui peut prétendre savoir ce qui est le plus profitable pour la gloire de Dieu (la gloire de Dieu étant la réalisation de son grand projet ‘terre nouvelle et cieux nouveaux’) ? Montfort : « Presque personne n'agit pour cette noble fin, quoiqu'on y soit obligé, soit parce qu'on ne connait pas où est la plus grande gloire de Dieu, soit parce qu'on ne la veut pas. Mais la Très Sainte Vierge, à qui on cède la valeur et le mérite de ses bonnes œuvres, connaît parfaitement où est la plus grande gloire de Dieu ». C’est pourquoi n’hésitez pas à lui confier tous vos engagements.

Un chemin de choix : il conduit à l’union au Christ

« Cette dévotion est un chemin aisé, court, parfait et assuré pour arriver à l'union avec Notre-Seigneur, où consiste la perfection du chrétien » et l’auteur précise :
1°. C'est un chemin aisé, « un chemin que Jésus Christ a frayé en venant à nous, et où il n'y a aucun obstacle pour arriver à lui. On peut, à la vérité, arriver à l'union divine par d'autres chemins; mais ce sera par beaucoup plus de croix…, de plus, des grands saints ont passé par ce chemin aisé que le Saint Esprit leur a montré (152).

2º Cette dévotion est un chemin court pour trouver Jésus Christ. Il n’est pas toujours facile de vivre en chrétien, soit parce qu'on est faible, soit qu’on hésite à faire des choix, « mais, avec l'appui, l'aide et la conduite de Marie, sans tomber, sans reculer et même sans se retarder, on avancera à pas de géant vers Jésus Christ » (155). Montfort engage son autorité : « c'est dans le sein de Marie, dis-je, que les jeunes gens deviennent des vieillards en lumière, en sainteté, en expérience et en sagesse, et qu'on parvient en peu d'années jusqu'à la plénitude de l'âge de Jésus Christ » (156). Une fois de plus, Montfort définit l’idéal du chrétien : arriver à la plénitude de l’âge de Jésus !

3º Cette dévotion est un chemin parfait pour aller et s'unir à Jésus Christ. Plus haut Montfort marquait que le mystère de l’incarnation dépasse de loin la capacité de l’intelligence humaine, ici il se sert d’une image concrète et parle du ‘grand et admirable voyage’ que le Seigneur a entrepris pour venir rejoindre les hommes. « L'Inaccessible s'est approché, s'est uni étroitement, parfaitement et même personnellement à notre humanité par Marie, sans rien perdre de sa Majesté ». Lors de ce voyage, le séjour de Jésus dans le sein de sa mère était une étape importante. Dans ce même milieu, le sein de Marie, aura lieu un autre aspect de l’incarnation : la transformation de l’homme à l’image de Dieu: « Celui qui Est a voulu venir à ce qui n'est pas, et faire que ce qui n'est pas devient Dieu ou Celui qui Est… » (157). Comme Jésus l’exprimait devant le vieux Nicodème, tout étonné : « à moins de naître d’en-haut, nul ne peut voir le Royaume d’en-haut » (Jn 3,3). Il nous faut renaître, et pour toute naissance une mère est indispensable.

4º Cette dévotion à la Très Sainte Vierge est un chemin assuré. Pour argumenter cet énoncé, il réfère à l’histoire chrétienne et cite des témoignages de théologiens et personnes d’autorité qui sont parvenus à la sainteté. Sa conclusion : « Quiconque donc, sans crainte d'illusion, veut avancer dans la voie de la perfection et trouver sûrement et parfaitement Jésus Christ, qu'il embrasse avec grand cœur cette dévotion à la Très Sainte Vierge, qu'il n'avait peut-être pas encore connue »  (168).

La liberté des enfants de Dieu

« Cette pratique de dévotion donne une grande liberté intérieure, qui est la liberté des enfants de Dieu ». C’est paradoxal : se donner pleinement à quelqu’un et acquérir une grande liberté, mais souvent c’est une grande vérité, surtout dans ce cas, car on se donne à Jésus et à Marie qui élargissent le cœur de l’homme et y créent de la place pour beaucoup d’autres. Montfort ajoute une petite histoire illustrative (169-170).

Et l’amour du prochain ?

Le missionnaire a dû répondre souvent à des questions de personnes inquiètes qui s’imaginaient qu’en se livrant entièrement à Jésus et à Marie, elles faisaient du tort à leurs proches, ceux pour qui elles priaient et faisaient des sacrifices. C’est pourquoi dans son écrit il fit réfléchir le lecteur en disant qu’il est impensable que Dieu, qui est amour, ferrait du tort, ni à ceux qui s’engagent pleinement à son service, ni à leurs proches !

Un moyen efficace pour rester fidèle

Une dernière réflexion du missionnaire : on porte souvent le trésor de nos bonnes intentions dans un vaisseau fragile. Un oubli ou une inattention peuvent procurer des fissures, voire de la casse.  Marie qui est restée fidèle dans les pires circonstances, vient au secours de celui qui trébuche. « Elle obtient la fidélité à Dieu et la persévérance à ceux et celles qui s'attachent à elle. C'est pourquoi un saint la compare à une ancre ferme, qui les retient et les empêche de faire naufrage dans la mer agitée de ce monde où tant de personnes périssent faute de s'attacher à cette ancre ferme… Elle aime ceux qui l’aiment non seulement d'un amour affectif, mais d'un amour effectif et efficace… » (175). « La ‘divine’ Marie ne se laisse jamais vaincre en amour et en libéralité ! » (181).

Frans Fabry

Montfort éveille l'esprit du lecteur - VD 134


134. Il faut maintenant que nous voyions, le plus brièvement que nous pourrons, les motifs qui nous doivent rendre cette dévotion recommendable, les effets merveilleux qu'elle produit dans les âmes fidèles, et les pratiques de cette dévotion.

L'excellence de cette 'dévotion'. - VD 135 - 137

Vous pouvez lire encore une fois dans 'La Vraie Dévotion' les numéros 68 au 77.  
Ici vous trouvez les numéros 135 et 137 qui ont référence avec l'article du mois de mai dans Médiatrice et Reine:


135. Premier motif.
Si on ne peut concevoir sur la terre d'emploi plus relevé que le service de Dieu; si le moindre serviteur de Dieu est plus riche, plus puissant et plus noble que tout les rois et les empereurs de la terre, s'ils ne sont pas serviteurs de Dieu, quelles sont les richesses, la puissance et la dignité du fidèle et parfait serviteur de Dieu, qui sera dévoué à son service, entièrement, sans réserve et autant qu'il le peut être! Tel est un fidèle et amoureux esclave de Jésus en Marie, qui s'est donné tout entier au service de ce Roi des rois, par les mains de sa sainte Mère, et qui n'a rien réservé pour soi- même: tout l'or de la terre et les beautés des cieux ne peuvent pas le payer.

137. Comme j'ai déjà dit, il n'y a aucune autre pratique que celle-ci par laquelle on se défasse facilement d'une certaine propriété, qui se glisse imperceptiblement dans les meilleures actions; et notre bon Jésus donne cette grande grâce en récompense de l'action héroïque et désintéressée qu'on a faite, en lui faisant, par les mains de sa sainte Mère, une cession de toute la valeur de ses bonnes oeuvres. S'il donne un centuple, même en ce monde, à ceux qui, pour son amour, quittent les biens extérieurs, temporels et périssables, quel sera le centuple qu'il donnera à celui qui lui sacrifiera même ses biens intérieurs et spirituels!

L'agir de Dieu dans les évangiles.

Nous lisons dans 'La Vraie Dévotion' le numéro 139 - 140 et 143:


139. Second motif. 
Ce bon Maître n'a pas dédaigné de se renfermer dans le sein de la Sainte Vierge comme un captif et un esclave amoureux, et de lui être soumis et obéissant pendant trente années. C'est ici, je le répète, que l'esprit humain se perd, lorsqu'il fait une sérieuse réflexion à cette conduite de la Sagesse incarnée, qui n'a pas voulu, quoiqu'elle le pût faire, se donner directement aux hommes, mais par la Très Sainte Vierge; qui n'a pas voulu venir au monde à l'âge d'un homme parfait, indépendant d'autrui, mais comme un pauvre et petit enfant, dépendant des soins et de l'entretien de sa sainte Mère. Cette Sagesse infinie, qui avait un désir immense de glorifier Dieu son Père et de sauver les hommes, n'a point trouvé de moyen plus parfait et plus court pour le faire que de se soumettre en toutes choses à la Très Sainte Vierge, non seulement pendant les huit, dix ou quinze années premières de sa vie, comme les autres enfants, mais pendant trente ans; et elle a plus donné de gloire à Dieu son Père, pendant tout ce temps de soumission et de dépendance de la Très Sainte Vierge, qu'elle ne lui en eût donné en employant ces trente ans à faire des prodiges, à prêcher par toute la terre, à convertir tous les hommes; si autrement, elle l'aurait fait. Oh! oh! qu'on glorifie hautement Dieu en se soumettant à Marie, à l'exemple de Jésus!
Ayant devant nos yeux un exemple si visible et si connu de tout le monde, sommes-nous assez insensés pour croire trouver un moyen plus parfait et plus court pour glorifier Dieu que celui de se soumettre à Marie, à l'exemple de son Fils?

140. Qu'on [se] rappelle ici, pour preuve de la dépendance que nous devons avoir de la Très Sainte Vierge, ce que j'ai dit ci-cessus, en rapportant les exemples que nous donnent le Père, le Fils et le Saint-Esprit, dans la dépendance que nous devons avoir de la Très Sainte Vierge. Le Père n'a donné et ne donne son Fils que par elle, ne se fait des enfants que par elle, et ne communique ses grâces que par elle; Dieu le Fils n'a été formé pour tout le monde et engendré que par elle dans l'union au Saint-Esprit, et ne communique ses mérites et ses vertus que par elle; le Saint-Esprit n'a formé Jésus-Christ que par elle, ne forme les membres de son Corps mystique que par elle, et ne dispense ses dons et faveurs que par elle. Après tant et de si pressants exemples de la très Sainte Trinité, pouvons-nous, sans un extrème aveuglement, nous passer de Marie, et ne pas nous consacrer à elle, et dépendre d'elle pour aller à Dieu et pour nous sacrifier à Dieu?

143. De plus, c'est ici une pratique d'une grande humilité, que Dieu aime par-dessus les autres vertus. Une âme qui s'élève abaisse Dieu, une âme qui s'humilie élève Dieu. Dieu résiste aux superbes et donne sa grâce aux humbles. (Jacques 4,6)

Le Vierge Marie prend sa mission à coeur - VD 144

sr Daniella Oh - Mater Dei

144. Troisième motif. - La Très Sainte Vierge, qui est une mère de douceur et de miséricorde, et qui ne se laisse jamais vaincre en amour et en libéralité, voyant qu'on se donne tout entier à elle pour l'honorer et la servir, en se dépouillant de ce qu'on a de plus cher pour l'en orner, se donne aussi tout entière et d'une manière ineffable à celui qui lui donne tout. Elle le fait s'engloutir dans l'abîme de ses grâces; elle l'orne de ses mérites; elle l'appuie de sa puissance; elle l'éclaire de sa lumière; elle l'embrase de son amour; elle lui communique ses vertus: son humilité, sa foi, sa pureté, etc.; elle se rend sa caution, son supplément et son tout envers Jésus. Enfin, comme cette personne consacrée est toute à Marie, Marie est aussi toute à elle; en sorte qu'on peut dire de ce parfait serviteur et enfant de Marie ce que saint Jean l'Evangéliste dit de lui-même, qu'il a pris la Très Sainte Vierge pour tous ses biens: Accepit eam discipulus in sua.

Contribuer à la gloire de Dieu. - VD 151

Nous lisons avec vous le numéro 151:


151. Quatrième motif. - Cette dévotion fidèlement pratiquée est un excellent moyen pour faire en sorte que la valeur de toutes nos bonnes oeuvres soit employée à la plus grande gloire de Dieu. Presque personne n'agit pour cette noble fin, quoiqu'on y soit obligé, soit parce qu'on ne connait pas où est la plus grande gloire de Dieu, soit parce qu'on ne la veut pas. Mais la Très Sainte Vierge, à qui on cède la valeur et le mérite de ses bonnes oeuvres, connaissant très parfaitement où est la plus grande gloire de Dieu, et ne faisant rien que pour la plus grande gloire de Dieu, un parfait serviteur de cette bonne Maitresse, qui s'est tout consacré à elle, comme nous avons dit, peut dire hardiment que la valeur de toutes ses actions, pensées et paroles, est employé à la plus grande gloire de Dieu, à moins qu'il ne révoque expressément son offrande. Peut-on trouver rien de plus consolant pour une âme qui aime Dieu d'un amour pur et sans intérêt, et qui prise plus la gloire de Dieu et ses intérêts que les siens?

Cette dévotion est un chemin aisé.


1°. C'est un chemin aisé, « un chemin que Jésus Christ a frayé en venant à nous, et où il n'y a aucun obstacle pour arriver à lui. On peut, à la vérité, arriver à l'union divine par d'autres chemins; mais ce sera par beaucoup plus de croix…, de plus, des grands saints ont passé par ce chemin aisé que le Saint Esprit leur a montré (152).

152. Cinquième motif. - Cette dévotion est un chemin aisé, court, parfait et assuré pour arriver à l'union avec Notre-Seigneur, où consiste la perfection du chrétien.
1º C'est un chemin aisé; c'est un chemin que Jésus-Christ a frayé en venant à nous, et où il n'y a aucun obstacle pour arriver à lui. On peut, à la vérité, arriver à l'union divine par d'autres chemins; mais ce sera par beaucoup plus de croix, de morts étranges et avec beaucoup plus de difficultés, que nous ne vaincrons que difficilement. 

Cette dévotion est un chemin court.


Cette dévotion est un chemin court pour trouver Jésus Christ. Il n’est pas toujours facile de vivre en chrétien, soit parce qu'on est faible, soit qu’on hésite à faire des choix, « mais, avec l'appui, l'aide et la conduite de Marie, sans tomber, sans reculer et même sans se retarder, on avancera à pas de géant vers Jésus Christ » (155). Montfort engage son autorité : « c'est dans le sein de Marie, dis-je, que les jeunes gens deviennent des vieillards en lumière, en sainteté, en expérience et en sagesse, et qu'on parvient en peu d'années jusqu'à la plénitude de l'âge de Jésus Christ » (156). Une fois de plus, Montfort définit l’idéal du chrétien : arriver à la plénitude de l’âge de Jésus !

155. 2º Cette dévotion à la Très Sainte Vierge est un chemin court pour trouver Jésus-Christ, soit parce qu'on ne s'y égare point, soit parce que, comme je viens de dire, on y marche avec plus de joie et de facilité, et, par conséquent, avec plus de promptitude. On avance plus, en peu de temps de soumission et de dépendance de Marie, que dans des années entières de propre volonté et d'appui sur soi-mêne; car un homme obésissant et soumis à la divine Marie chantera des victoires signalées sur tous ses ennemis. Ils voudront l'empêcher de marcher, ou le faire reculer, ou le faire tomber, il est vrai; mais, avec l'appui, l'aide et la conduite de Marie, sans tomber, sans reculer et même sans se retarder, il avancera à pas de géant vers Jésus-Christ, par le même chemin par lequel il est écrit que Jésus-Christ est venu vers nous à pas de géant et en peu de temps.

Cette dévotion est un chemin parfait.


Cette dévotion est un chemin parfait pour aller et s'unir à Jésus Christ. Plus haut Montfort marquait que le mystère de l’incarnation dépasse de loin la capacité de l’intelligence humaine, ici il se sert d’une image concrète et parle du ‘grand et admirable voyage’ que le Seigneur a entrepris pour venir rejoindre les hommes. « L'Inaccessible s'est approché, s'est uni étroitement, parfaitement et même personnellement à notre humanité par Marie, sans rien perdre de sa Majesté ». Lors de ce voyage, le séjour de Jésus dans le sein de sa mère était une étape importante. Dans ce même milieu, le sein de Marie, aura lieu un autre aspect de l’incarnation : la transformation de l’homme à l’image de Dieu: « Celui qui Est a voulu venir à ce qui n'est pas, et faire que ce qui n'est pas devient Dieu ou Celui qui Est… » (157). Comme Jésus l’exprimait devant le vieux Nicodème, tout étonné : « à moins de naître d’en-haut, nul ne peut voir le Royaume d’en-haut » (Jn 3,3). Il nous faut renaître, et pour toute naissance une mère est indispensable.

157. 3º Cette pratique de dévotion à la Très Sainte Vierge est un chemin parfait pour aller et s'unir à Jésus-Christ, puisque la divine Marie est la plus parfaite et la plus sainte des pures créatures, et que Jésus-Christ, qui est parfaitement venu à nous n'a point pris d'autre route de son grand et admirable voyage. Le Très-Haut, l'Incompréhensible, l'Inaccessible, Celui qui Est, a voulu venir à nous, petits vers de terre, qui ne sommes rien. Comment cela s'est-il fait?
Le Très-Haut a descendu parfaitement et divinement par l'humble Marie jusqu'à nous, sans rien perdre de sa divinité et sainteté; et c'est par Marie que les très petits doivent monter parfaitement et divinement au Très-Haut sans rien appréhender.
L'Incompréhensible s'est laissé comprendre et contenir parfaitement par la petite Marie, sans rien perdre de son immensité; c'est aussi par la petite Marie que nous devons nous laisser contenir et conduire parfaitement sans aucune réserve.
L'Inaccessible s'est approché, s'est uni étroitement, parfaitement et même personnellement à notre humanité par Marie, sans rien perdre de sa Majesté; c'est aussi par Marie que nous devons approcher de Dieu et nous unir à sa Majesté parfaitement et étroitement, sans craindre d'être rebutés.
Enfin, Celui qui Est a voulu venir à ce qui n'est pas, et faire que ce qui n'est pas devienne Dieu ou Celui qui Est; il l'a fait parfaitement en se donnant et se soumettant entièrement à la jeune Vierge Marie, sans cesser d'être dans le temps Celui qui Est de toute Eternité: de même, c'est par Marie que, quoique nous ne soyons rien, nous pouvons devenir semblables à Dieu par la grâce et la gloire, en nous donnant à elle si parfaitement et entièrement, que nous ne soyons rien en nous-mêmes et tout en elle, sans craindre de nous tromper.

Cette dévotion est un chemin assuré.


Cette dévotion à la Très Sainte Vierge est un chemin assuré. Pour argumenter cet énoncé, il réfère à l’histoire chrétienne et cite des témoignages de théologiens et personnes d’autorité qui sont parvenus à la sainteté. Sa conclusion : « Quiconque donc, sans crainte d'illusion, veut avancer dans la voie de la perfection et trouver sûrement et parfaitement Jésus Christ, qu'il embrasse avec grand cœur cette dévotion à la Très Sainte Vierge, qu'il n'avait peut-être pas encore connue »  (168).

159. 4º Cette dévotion à la Très Sainte Vierge est un chemin assuré pour aller à Jésus-Christ et acquérir la perfection en nous unissant à lui:
1º Parce que cette pratique que j'enseigne n'est pas nouvelle; elle est si ancienne qu'on ne peut, comme dit Mr. Boudon, mort depuis peu en odeur de sainteté, dans un livre qu'il a fait de cette dévotion, en marquer précisément les commencements; il est cependant certain que, depuis plus de sept cents ans, on en trouve des marques dans l'Eglise.

163. On peut lire dans le livre de Mr. Boudon les différents papes qui ont approuvé cette dévotion, les théologiens qui l'ont examinée, et les persécutions qu'elle a eues et vaincues, et les milliers de personnes qui l'ont embrassée, sans que jamais aucun pape l'ait condamnée; et on ne le pourrait pas faire sans renverser les fondements du christianisme.

164. 2º Cette dévotion est un moyen assuré pour aller à Jésus- Christ, parce que le propre de la Sainte Vierge est de nous conduire sûrement à Jésus-Christ, comme le propre de Jésus- Christ est de nous conduire sûrement au Père éternel. Et que les spirituels ne croient pas faussement que Marie leur soit un empêchement pour arriver à l'union divine. Car, serait-il possible que celle qui a trouvé grâce devant Dieu pour tout le monde en général et pour chacun en particulier, fût un empêchement à une âme pour trouver la grande grâce de l'union avec lui? Serait-il possible que celle qui a été toute pleine et surabondante de grâces, si unie et transformée en Dieu, qu'il a fallu qu'il se soit incarné en elle, empêchât qu'une âme ne fût parfaitement unie à Dieu?
Il est bien vrai que la vue des autres créatures, quoique saintes, pourrait peut-être, en de certains temps, retarder l'union divine; mais non pas Marie comme j'ai dit et dirai toujours sans me lasser. Une raison pourquoi si peu d'âmes arrivent à la plenitude de l'âge de Jésus-Christ, c'est que Marie, qui est, autant que jamais, la Mère de Jésus-Christ et l'Epouse féconde du Saint-Esprit, n'est pas assez formée dans leurs coeurs. Qui veut avoir le fruit bien mûr et bien formé doit avoir l'arbre qui le produit; qui veut avoir le fruit de vie, Jésus-Christ, doit avoir l'arbre de vie, qui est Marie. Qui veut avoir en soi l'opération du Saint-Esprit, doit avoir son Epouse fidèle et indissoluble, la divine Marie, qui le rend fertile et fécond, comme nous avons dit ailleurs.

165. Soyez donc persuadé que plus vous regarderez Marie en vos oraisons, contemplations, actions et souffrances, sinon d'une vue distincte et aperçue, du moins d'une vue générale et imperceptible, et plus parfaitement vous trouverez Jésus- Christ.  

168. Quiconque donc, sans crainte d'illusion, qui est ordinaire aux personnes d'oraison, veut avancer dans la voie de la perfection et trouver sûrement et parfaitement Jésus- Christ, qu'il embrasse avec grand coeur, corde magno et animo volenti, cette dévotion à la Très Sainte Vierge, qu'il n'avait peut-être pas encore connue. Qu'il entre dans le chemin excellent qui lui était inconnu et que je lui montre: Excellentiorem viam vobis demonstro.
C'est un chemin frayé par Jésus-Christ, la Sagesse incarnée, notre unique chef, le membre en y passant ne peut se tromper. C'est un chemin aisé, à cause de la plénitude de la grâce et de l'onction du Saint-Esprit qui le remplit; on ne se lasse point ni on ne recule point en y marchant. C'est un chemin court, qui, en peu de temps, nous mène à Jésus-Christ. C'est un chemin parfait, où il n'y a aucune boue, aucune poussière, ni la moindre ordure du péché. C'est enfin un chemin assuré, qui nous conduit à Jésus-Christ et à la vie éternelle d'une manière droite et assurée, sans détourner à droite, ni à gauche.
Entrons donc dans ce chemin, et marchons-y jour et nuit, jusqu'à la plénitude de l'âge de Jésus-Christ.

La liberté des enfants de Dieu

Voilà que nous lisons avec vous le numéro 169 dans 'La Vraie Dévotion':


169. Sixième motif. - Cette pratique de dévotion donne une grande liberté intérieure, qui est la liberté des enfants de Dieu, aux personnes qui la pratiquent fidèlement. Car, comme par cette dévotion on se rend esclave de Jésus-Christ, en se consacrant tout à lui en cette qualité, ce bon Maître, pour récompense de la captivité amoureuse où on se met: 
1º ôte tout scrupule et crainte servile de l'âme qui n'est capable que de l'étrécir et captiver et embrouiller; 
2º il élargit le coeur par une sainte confiance en Dieu, le faisant regarder comme son père; 
3º il lui inspire un amour tendre et filial.

Et l'amour du prochain? - VD 171


Le missionnaire a dû répondre souvent à des questions de personnes inquiètes qui s’imaginaient qu’en se livrant entièrement à Jésus et à Marie, elles faisaient du tort à leurs proches, ceux pour qui elles priaient et faisaient des sacrifices. C’est pourquoi dans son écrit il fit réfléchir le lecteur en disant qu’il est impensable que Dieu, qui est amour, ferrait du tort, ni à ceux qui s’engagent pleinement à son service, ni à leurs proches !

171. Septième motif. - Ce qui peut encore nous engager à embrasser cette pratique, ce sont les grands biens qu'en recevra notre prochain, car par cette pratique on exerce envers lui la charité d'une manière éminente, puisqu'on lui donne, par les mains de Marie, tout ce qu'on a de plus cher, qui est la valeur satisfactoire et impétratoire de toutes ses bonnes oeuvres, sans excepter la moindre bonne pensée et la moindre petite souffrance; on consent que tout ce qu'on a acquis, et ce qu'on acquerra, jusqu'à la mort, de satisfactions soit, selon la volonté de la Sainte Vierge, employé ou à la conversion des pécheurs ou à la délivrance des âmes du purgatoire.
N'est-ce pas là aimer son prochain parfaitement? N'est-ce pas là être le véritable disciple de Jésus-Christ, qu'on reconnait par la charité? N'est-ce pas là le moyen de convertir les pécheurs, sans crainte de la vanité, et de délivrer les âmes du purgatoire, sans presque faire rien autre que ce que chacun est obligé de faire dans son état?

Un moyen efficace pour rester fidèle - VD 173 -175 - 181


Nous lisons avec vous dans la Vraie Dévotion les numéros 173 - 175 et 181: 


173. Huitième motif. - Enfin, ce qui nous engage plus puissamment, en quelque manière, à cette dévotion à la Très Sainte Vierge, c'est que c'est un moyen admirable pour persévérer dans la vertu et être fidèle. 
Par cette dévotion, on confie à la Sainte Vierge, qui est fidèle, tout ce qu'on possède; on la prend pour la dépositaire universelle de tous ses biens de nature et de grâce. C'est à sa fidélité que l'on se fie; c'est sur sa puissance que l'on s'appuie, c'est sur sa miséricorde et sa charité que l'on se fonde. 


175. La Très Sainte Vierge est la Vierge fidèle qui, par sa fidélité à Dieu, répare les pertes qu'a faites Eve l'infidèle par son infidélité, et qui obtient la fidélité à Dieu et la persévérance à ceux et celles qui s'attachent à elle. C'est pourquoi un saint la compare à une ancre ferme, qui les retient et les empêche de faire naufrage dans la mer agitée de ce monde où tant de personnes périssent faute de s'attacher à cette ancre ferme: Nous attachons, dit-il, les âmes à votre espérance comme à une ancre ferme. 

181. Je dis pour les uns et les autres, en reprenant ma matière interrompue, que la divine Marie, étant la plus honnête et la plus libérale de toutes les pures créatures, elle ne se laisse jamais vaincre en amour et en libéralité; et pour un oeuf, dit un saint, qu'on lui donne, elle donne un boeuf; c'est-à-dire, pour peu qu'on lui donne, elle donne beaucoup de ce qu'elle a reçu de Dieu; et, par conséquent, si une âme se donne à elle sans réserve, elle se donne à cette âme sans réserve, si on met toute sa confiance en elle sans présomption, travaillant de son côté à acquérir les vertus et à dompter ses passions.