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30 septembre 2012

Catéchèse à l'école de Marie (11)



La mise en pratique

Ecriture du Père de Montfort
De sa lecture biblique le père de Montfort retient surtout que Dieu est actif moyennant la collaboration de l’homme. Parmi ses collaborateurs la Vierge Marie se distingue nettement grâce aux merveilles que le Seigneur a opérées en elle : son incarnation. Ce mystère se prolonge jusqu’à nos jours. La grâce du baptême ouvre cette voie, mais rares sont ceux qui en sont conscients. C’est une erreur assez généralisée de penser que l’on est chrétien parce que baptisé. En réalité la grâce du baptême offre tout ce qui est nécessaire pour devenir chrétien, pour devenir un point d’appui pour Dieu dans ce monde et lui offrir des mains et des pieds pour rejoindre beaucoup d’autres. Le chrétien offre à Dieu une demeure, il s’agit du mystère de l’incarnation qui continue, et la Vierge Marie y joue un rôle. C’est pourquoi, nous dit le père de Montfort, il nous faut lui offrir la possibilité d’accomplir la mission qu’elle a reçue.
Après avoir indiqué le bien fondé de la dévotion qu’il propose, notre auteur entame sa mise en pratique. Il commence une nouvelle page et avec de grands et beaux caractères il marque : « Pratiques particulières de cette dévotion ».

‘Avancer’
Rappelons-nous le numéro 119: « Comme l'essentiel de cette dévotion consiste dans l'intérieur qu'elle doit former, elle ne sera pas également comprise de tout le monde: quelques-uns s'arrêteront à ce qu'elle a d'extérieur, et ne passeront pas outre, et ce sera le plus grand nombre; quelques-uns, en petit nombre, entreront dans son intérieur, mais ils n'y monteront qu'un degré. Qui est-ce qui montera au second? Qui parviendra jusqu'au troisième? Enfin, qui est celui qui y sera par état? Celui-là seul, à qui l'Esprit de Jésus Christ révélera ce secret, et y conduira lui-même l'âme bien fidèle pour avancer de vertus en vertus, de grâce en grâce, et de lumières en lumières pour arriver jusqu'à la transformation de soi-même en Jésus Christ, et à la plénitude de son âge sur la terre et de sa gloire dans le ciel. » Comme dit précédemment, chaque élément de ce passage mérite une attention particulière, ici j’attire l’attention sur la dynamique de sa composition. Il s’agit d’un processus qui conduit à l’âge adulte chrétien, avancer pas-à-pas à la transformation en Jésus Christ.

L'intérieur qui doit être formé

Qu’entend l’auteur par "l'intérieur qui doit être formé ? " Dans son Secret de Marie nous trouvons une réponse brève qui fait comprendre que Montfort vise très haut et qui suppose un cheminement qui prend du temps, voire toute une vie: « Ame, image vivante de Dieu et rachetée du Sang précieux de Jésus Christ, la volonté de Dieu sur vous est que vous deveniez sainte comme lui dans cette vie, et glorieuse comme lui dans l'autre. L'acquisition de la sainteté de Dieu est votre vocation assurée… O ouvrage admirable ! … il n'y a que Dieu qui, par une grâce, et une grâce abondante et extraordinaire, puisse en venir à bout… » (SM 3). Voilà ce que l’on apprend à l’école de Marie. Les exercices que Montfort va proposer nous conduisent à cette école.

Un tournant

Comme Abraham, comme Moïse... comme Marie, le baptisé est supposé d’oser donner une réponse à la proposition du Seigneur, supposé de se mettre en mouvement et devenir coopérant, même sans savoir où cela le conduira.Tout au long de sa vie, le père de Montfort a été en contact avec des pères jésuites et il est très probable qu’il ait connu le chemin spirituel de saint Ignace, un chemin qui conduit à l’union au Christ. Nous ignorons s’il a suivi les exercices de saint Ignace, mais nous constatons qu’il se sert d’un schéma semblable, c’est-à-dire opter pour un temps continu qui conduit à un contrat avec le Seigneur (renouvellement officiel de son alliance avec Dieu). Pour que cette alliance soit davantage solide et efficace, avec assurance Montfort conseille de faire appel à l’aide de la Vierge Marie. Il demande de réserver au moins douze jours, pour se situer par rapport à la Bible, la Parole de Dieu qui invite à devenir acteur dans son agir en cours, suivis de trois semaines de prière assidue (227). Parmi ceux qui ont entamé le cheminement que Montfort propose, plusieurs parlent d’un tournant dans leur vie. La façon dont le père de Montfort encadre le jour de la consécration montre bien, qu’à ses yeux aussi, il s’agit d’une démarche très engageante.

Les douze jours

La Bible
Pour les douze jours Montfort suggère de se vider de l'esprit du monde et de se remplir de celui de Jésus Christ par la Vierge Marie (227). Sans cesse le lecteur de la Bible constate que les pensées du Seigneur ne sont pas celles des hommes. Dans la première partie de son écrit, de multiples façons, Montfort a attiré l’attention du lecteur sur l’agir de Dieu et sa façon d’y intégrer l’humain, particulièrement la Vierge Marie. Découvrir cet agir de Dieu demande du temps et de l’accoutumance. Voici un témoignage de Jean-Paul II référant à La Vraie Dévotion : « C’est un de ces livres qu’il ne suffit pas d’avoir lu… Je revenais sans cesse et tour à tour sur certains passages… J’ai compris que Marie nous conduit au Christ. » Précisément cette rencontre donne une nouvelle dimension à la vie humaine.

Les trois semaines

Notre auteur suggère pour la première semaine de demander la grâce de la connaissance de soi-même. À cause du langage imagé – il nous compare à des escargots, limaçons, crapauds, cochons, serpents et boucs – plusieurs classent Montfort parmi les négativistes qui dénigrent tout ce qui est humain. Or, avec ironie, il veut secouer le lecteur. Les expressions plastiques renvoient aux numéros 78-82 où il met en contraste notre pauvreté par rapport à l’homme parfait Jésus Christ, notre modèle assuré. C’est dans la prière qu’on peut acquérir une parfaite humilité : « Ils prieront Notre-Seigneur et son Saint-Esprit de les éclairer, par ces paroles : " Seigneur, fais que je voie ", ou " Que je me connaisse ", ou " Viens, Esprit Saint " et " diront tous les jours les litanies du Saint-Esprit… Ils auront recours à la Très Sainte Vierge, et lui demanderont cette grande grâce qui doit être le fondement des autres, et pour cela ils diront tous les jours l'Ave Maris Stella et ses litanies » (228). Le climat de prière est indispensable durant tout le circuit des 30 jours.
« Pendant la seconde semaine, ils s'appliqueront dans toutes leurs oraisons et œuvres de chaque journée, à connaître la Très Sainte Vierge. Ils demanderont cette connaissance au Saint-Esprit. Ils pourront lire et méditer ce que nous en avons dit (cf. 16-36 et 83-89). Ils réciteront, comme la première semaine, les litanies du Saint-Esprit et l'Ave Maris Stella, et, de plus, un rosaire tous les jours, ou du moins un chapelet, à cette intention » (229).
« Ils emploieront la troisième semaine à connaître Jésus Christ. Ils pourront lire et méditer ce que nous en avons dit (cf. 61-77), et dire l'oraison de saint Augustin (cf. 67). Ils pourront, avec le même saint, dire et répéter cent et cent fois par jour: " Seigneur, que je te connaisse ! " ou bien : " Seigneur, que je voie qui tu es’! Ils réciteront, comme aux semaines précédentes, les litanies du Saint-Esprit et l'Ave Maris Stella, et ajouteront tous les jours les litanies du Saint Nom de Jésus » (230).

En tant que pédagogue

Le père de Montfort
Notons qu’il ne s’agit pas de formules magiques, les suggestions de Montfort ont pour but de vous aider à entrer dans ‘le monde de Dieu’, comme cela est arrivé à la Vierge Marie quand, par l’opération du Saint Esprit, Dieu s’est fait homme (cf. n° 6). Finalement, en tant que bon pédagogue, Montfort devient très concret: signez et datez le texte de votre consécration et faites un geste particulier. Il parle d’un ‘tribut’ pour marquer votre dépendance de Jésus et de Marie. « Ce tribut sera selon la dévotion et la capacité d'un chacun: comme un jeûne, une mortification, une aumône, un cierge; quand ils ne donneraient qu'une épingle en hommage, avec un bon cœur, c'en est assez pour Jésus, qui ne regarde que la bonne volonté….Tous les ans au moins, le même jour, ils renouvelleront la même consécration, observant les mêmes pratiques pendant trois semaines. Ils pourront même, tous les mois et tous les jours, renouveler tout ce qu'ils ont fait, par ce peu de paroles: Je suis tout à vous, et tout ce que j'ai vous appartient, ô mon aimable Jésus, par Marie, votre sainte Mère » (233-234).

Frans Fabry

Lecture dans 'La Vraie Dévotion 226 - 233

Ci-dessous vous trouvez les numéros 226 jusqu'au 233 qui se trouvent dans 'La Vraie Dévotion'.

PRATIQUES PARTICULIERES DE CETTE DEVOTION.

Pratiques Extérieures

226. Quoique l'essentiel de cette dévotion consiste dans l'intérieur, elle ne laisse pas d'avoir plusieurs pratiques extérieures qu'il ne faut pas négliger: Haec oportuit facere et illa non omittere, soit parce que les pratiques extérieures bien faites aident les intérieures, soit parce qu'elles font ressouvenir l'homme, qui se conduit toujours par les sens, de ce qu'il a fait ou doit faire; soit parce qu'elles sont propres à édifier le prochain qui les voit, ce que ne font pas celles qui sont purement intérieures. Qu'aucun mondain donc, ni critique, ne mette ici le nez pour dire que la vraie dévotion est dans le coeur, qu'il faut éviter ce qui est extérieur, qu'il peut y avoir de la vanité, qu'il faut cacher sa dévotion, etc. Je leur réponds avec mon Maître: Que les hommes voient vos bonnes oeuvres, afin qu'ils glorifient votre Père qui est dans les cieux; non pas, dit saint Grégoire, qu'on doive faire ses actions et dévotions extérieures pour plaire aux hommes et en tirer quelque louange, ce serait vanité; mais on les fait quelquefois devant les hommes, dans la vue de plaire à Dieu et de le faire glorifier par là, sans se soucier des mépris ou des louanges des hommes.
Je ne rapporterai qu'en abrégé quelques pratiques extérieures, que je n'appelle pas extérieures parce qu'on les fait sans intérieur, mais parce qu'elles ont quelque chose d'extérieur, pour les distinguer de celles qui sont purement intérieures.

[Consécration après exercices préparatoires] 227. Première pratique. - Ceux et celles qui voudront entrer en cette dévotion particulière, qui n'est point érigée en confrérie, quoiqu'il le fût à souhaiter, après avoir, comme j'ai [dit] dans la première partie de cette préparation au Règne de Jésus-Christ, employé douze jours au moins à se vider de l'esprit du monde contraire à celui de Jésus-Christ, emploieront trois semaines à se remplir de Jésus-Christ par la Très Sainte Vierge. Voici l'ordre qu'ils pourront garder:

228. Pendant la première semaine, ils emploieront toutes leurs oraisons et actions de piété à demander la connaissance d'eux- mêmes et la contrition de leurs péchés: et ils feront tout en esprit d'humilité. Pour cela, ils pourront, s'ils veulent, méditer ce que j'ai dit de notre mauvais fond et ne se regarder, les six jours de cette semaine, que comme des escargots, limaçons, crapauds, cochons et serpents et boucs; ou bien ces trois paroles de saint Bernard: Cogita quid fueris, semen putridum; quid sis, vas stercorum; quid futurus sis, esca vermium. Ils prieront Notre-Seigneur et son Saint- Esprit de les éclairer, par ces paroles: Domine, ut videam; ou Noverim me; ou Veni, Sancte Spiritus, et diront tous les jours les litanies du Saint-Esprit et l'oraison qui suit, marqués dans la première partie de cet ouvrage. Ils auront recours à la Très Sainte Vierge, et lui demanderont cette grande grâce qui doit être le fondement des autres, et pour cela ils diront tous les jours, l'Ave maris stella, et ses litanies.

229. Pendant la seconde semaine, ils s'appliqueront dans toutes leurs oraisons et oeuvres de chaque journée, à connaître la Très Sainte Vierge. Ils demanderont cette connaissance au Saint-Esprit. Ils pourront lire et méditer ce que nous en avons dit. Ils réciteront, comme la première semaine, les litanies du Saint-Esprit et l'Ave maris Stella, et, de plus, un rosaire tous les jours, ou du moins un chapelet, à cette intention.

230. Ils emploieront la troisième semaine à connaître Jésus- Christ. Ils pourront lire et méditer ce que nous en avons dit, et dire l'oraison de saint Augustin, qui est mis vers le commencement de cette seconde partie. [VD 67] Ils pourront, avec le même saint, dire et répéter cent et cent fois par jour: Noverim te: Seigneur, que je vous connaisse! ou bien, Domine, ut videam: Seigneur, que je voie qui vous êtes! Ils réciteront, comme aux autres semaines précédentes, les litanies du Saint-Esprit et l'Ave maris Stella, et ajouteront tous les jours les litanies [du Saint-Nom] de Jésus.

231. Au bout de ces trois semaines, ils se confesseront et communieront à l'intention de se donner à Jésus-Christ, en qualité d'esclaves d'amour, par les mains de Marie. Et, après la communion, qu'ils tâcheront de faire selon la méthode qui est ci-après, ils réciteront la formule de leur consécration, qu'ils trouveront aussi ci-après; il faudra qu'ils l'écrivent ou la fassent écrire, si elle n'est imprimée, et qu'ils la signent le même jour qu'ils l'auront faite.

Contrat d'alliance de Montfort
232. Il sera bon que, ce jour, ils payent quelque tribut à Jésus-Christ et à sa sainte Mère, soit pour pénitence de leur infidélité passée aux voeux de leur baptême, soit pour protester de leur dépendance du domaine de Jésus et de Marie. Or, ce tribut sera selon la dévotion et la capacité d'un chacun: comme un jeûne, une mortification, une aumône, un cierge; quand ils ne donneraient qu'une épingle en hommage, avec un bon coeur, c'en est assez pour Jésus, qui ne regarde que la bonne volonté.

233. Tous les ans au moins, le même jour, ils renouvelleront la même consécration, observant les mêmes pratiques pendant trois semaines.
Ils pourront même, tous les mois et tous les jours, renouveler tout ce qu'ils ont fait, par ce peu de paroles: Tuus totus ego sum, et omnia mea tua sunt: Je suis tout à vous, et tout ce que j'ai vous appartient, ô mon aimable Jésus, par Marie, votre sainte Mère.

1 septembre 2012

Catéchèse à l'école de Marie (10)

Commentaire sur La Vraie Dévotion de Montfort (213 - 225)

Marie et le chemin de la foi

ND de la Sagesse
De différentes façons on peut devenir ‘serviteur’ et ‘servante’ du Seigneur, or, nous dit Montfort, ‘par les mains de Marie’ est la façon la plus directe : « Qui veut avancer dans la voie de la perfection et trouver sûrement et parfaitement Jésus Christ, qu'il embrasse avec grand cœur, qu'il entre dans le chemin excellent qui lui était inconnu et que je lui montre » (168).
Il ne s’agit point d’une voie latérale dans l’univers de dévotion, mais de la voie principale : à savoir, la fidélité à notre baptême. Cette consécration ne vise rien d’autre que ce que nous faisons à chaque veillée pascale : renouveler nos promesses baptismales. Qu’est ce qu’il y a de particulier ? Voilà : la Vierge Marie viendra nous rejoindre et nous aider.

Marie qui agit

Celui qui introduit Marie dans sa vie de foi, subira un vrai processus de transformation. Il entre dans ‘le monde de Dieu’ et devient de plus en plus ‘christ’ de Dieu, son délégué parmi ses frères les hommes. Voilà ce dont nous avons besoin aujourd’hui.
Montfort cite sept ‘effets merveilleux’ que la consécration qu’il propose, produit en ceux qui y sont fidèles. Il ne s’agit pas d’étapes que l’on parcourt l’une après l’autre, mais d’une description de ce que la Vierge Marie opère. Le chiffre sept pourrait suggérer la perfection.

1. Une connaissance de nous-mêmes

Marie nous aide à découvrir qui nous sommes aux yeux de Dieu. Montfort écrit au 18e siècle, or sur les entrefaites l’homme n’a pas beaucoup changé. En effet, aujourd’hui encore nous sommes tentés de nous faire des illusions sur notre vie spirituelle et notre religion, car notre époque est investie de religions illusoires et nous prenons si facilement nos rêves pour la réalité. Qui sommes-nous dans le grand agir de Dieu ? En nous baptisant, quel est son projet sur nous? Nous avons une place dans le grand projet de Dieu, voilà le message biblique.
Marie nous aide à découvrir l’agir de Dieu et nous fait part de sa profonde humilité. Elle nous aidera à nous situer correctement par rapport à notre environnement, à ceux et celles qui nous entourent, et surtout à Dieu lui-même (213).

2. Elle nous partage à sa foi

Poitiers
Elle nous fait part de sa foi, nous dit Montfort qui se sert de superlatifs étonnants : sa foi est plus grande que celle des patriarches, prophètes, apôtres et saints réunis. En réalité il y a de ces données qu’on ne peut jamais comparer. Par exemple, la détresse d’une maman perdant son enfant est immesurable, et on ne peut la comparer avec celle d’un partenaire trompé. La joie intense d’un enfant est incomparable avec celle du gagneur du grand lot.
De même on ne peut mesurer la foi de Marie, de plus la Vierge Marie est un ‘cas’ hors pair. Pensons à Paul qui, pour indiquer le tournant décisif dans l’histoire, dit : « Quand furent accomplis les temps, Dieu envoya son fils, né de la femme." La qualité d’accueil de la part de Marie, sa foi et sa fidélité étaient telles qu’elle dépasse les grandes figures aussi bien de l’Ancien que celles du Nouveau Testament. Marie vous fait part de sa foi, nous dit Montfort.
Puis, il décrit la foi de Marie qui naîtra en nous : « …une foi pure, qui fera que vous ne vous soucierez guère du sensible et de l'extraordinaire; une foi vive et animée par la charité … une foi ferme et inébranlable comme un rocher…  une foi agissante et perçante… une foi courageuse, qui vous fera entreprendre et venir à bout de grandes choses pour Dieu et le salut des âmes. Une foi qui sera votre flambeau enflammé, votre … arme toute-puissante dont vous vous servirez pour éclairer ceux qui sont dans les ténèbres et l'ombre de la mort, pour embraser ceux qui sont tièdes et qui ont besoin de l'or embrasé de la charité, pour donner vie à ceux qui sont morts par le péché, pour toucher et renverser, par vos paroles douces et puissantes, les cœurs de marbre et les cèdres du Liban, et enfin pour résister au diable et à tous les ennemis du salut » (214).

Avez-vous remarqué que Montfort dit explicitement que Marie nous ‘fait part de sa foi’ ? Je répète ce que j’ai dit précédemment : on ne peut pas construire sa foi. Elle est suscitée par un vis-à-vis qui la provoque. Il arrive qu’on entend dire : " Je n’ai plus la foi " ou " je ne crois plus ", avec l’accent sur le ‘je’. Comme si c’est moi qui étais la seule personne active dans le domaine de la foi. C’est comme l’amour que l’on reçoit et que l’on donne. Sans cette interaction, l’amour n’est pas complet. De même pour la foi, on la reçoit et on la donne. Marie nous fait part de sa foi.
Monsieur Blain, ami intime de Montfort et devenu chanoine à la cathédrale de Rouen, note dans ses Mémoires que c’est grâce à la Vierge Marie que Montfort a pu progresser à pas de géant sur le chemin de la foi.

3. Elle dilate notre cœur

Montbernage
Marie neutralisera la peur et bannit la crainte servile dont nous sommes souvent victimes. Elle nous libère du scrupule et du respect humain. Elle fait naître " … le pur amour dont elle a le trésor. Vous ne vous conduisez plus ‘par crainte de Dieu de charité’ ", dit Montfort. La loi et les commandements ne sont plus expérimentés comme une contrainte à la liberté, mais comme un chemin qui libère (215).

4. Elle nous inspire une confiance solide

Marie inspire une confiance sans limites en les promesses de Dieu. Non pas une confiance téméraire ou arrogante, car ce n’est pas une confiance en nous-mêmes et en nos propres forces, mais uniquement en Dieu qui est fidèle et en la Vierge Marie, qui montrera qu’elle est une vraie maman. Elle se dévouera en notre faveur, ou comme notre auteur l’a déjà dit, Marie se consacrera à nous (215).

Les temps modernes ont fait croire que nous n’avons pas besoin d’un Dieu pour créer un monde plus humain. Or, en relisant l’histoire ancienne et récente, nous devons conclure jusqu’à quel point nous sommes incapables de nous sauver nous-mêmes et le monde avec nous, et comment le monde souffre d’un manque d’espérance. En dépit de ce qui arrive, nous gardons confiance en la Parole de Dieu : Il est fidèle.

5. Elle communique ses propres attitudes

ND de la Route
Marie nous revêt de sa propre sainteté. Montfort se sert d’une expression très forte : nous deviendrons des ‘copies vivantes’ de Marie.  C’est pourquoi « le Saint Esprit, trouvant sa chère épouse comme reproduite dans les âmes, y surviendra abondamment et les remplira de ses dons, particulièrement du don de la sagesse pour opérer des merveilles de grâce. »  (217).

6. Elle enfante en notre âme son Fils

Lorsque Marie nous confie son état d’âme, le miracle de l’Annonciation peut se refaire aussi en nous. L’Esprit Saint nous prendra sous son ombre et ce qui naîtra de nous est de Dieu... nous serons capables d’accomplir des ‘œuvres divines’. « Si Marie, qui est l'arbre de vie, est bien cultivée en votre âme par la fidélité aux pratiques de cette dévotion, elle portera son fruit en son temps; et ce fruit n'est autre que Jésus Christ » (218).

Montfort cite saint Augustin qui appelle Marie ‘le moule de Dieu’, ‘le moule propre à former et mouler des dieux’. Il compare l’œuvre d’un sculpteur avec le résultat de celui qui s’est servi d’un moule impeccable pour reproduire Dieu et il pose la question rhétorique : quelle œuvre ressemblera le plus à Dieu tel qu’il est ? La réponse est simple, mais il y a une condition: « O la belle et véritable comparaison! Mais qui la comprendra? Je désire que ce soit vous, mon cher frère. Mais souvenez-vous qu'on ne jette en moule que ce qui est fondu et liquide: c'est-à-dire qu'il faut détruire et fondre en vous le vieil Adam, pour devenir le nouveau en Marie » (221).

7. Elle fait avancer plus vite

Celui qui choisit de passer par Marie pour aller à Jésus, avancera plus vite que celui qui chemine tout seul. « Par cette pratique, bien fidèlement observée, vous donnerez à Jésus Christ plus de gloire en un moins de temps que par aucune autre, quoique plus difficile et en plusieurs années ». Il s’agit d’une transformation de nous-mêmes, d’une nouvelle naissance à laquelle Jésus référait pour entrer dans le monde de Dieu. « Voici ta mère » disait Jésus au disciple présent au pied de la croix.
Notons qu’il n’y a rien de magique à la formule de consécration que Montfort propose. Il s’agit d’un cheminement assidu et des attitudes à acquérir : « cette pratique bien fidèlement observée », nous dit-il (222).

Pour pratiquer cette dévotion, Montfort offrira par la suite une pédagogie concrète.

Frans Fabry

Lecture dans La Vraie Dévotion 213 - 225

Ci-dessous, vous trouvez tout les numéros qui réfèrent avec ce qui est écrit dans l'article ci-dessus.

LES EFFETS MERVEILLEUX 

QUE CETTE DEVOTION PRODUIT 
DANS UNE AME QUI Y EST FIDELE.


213. Mon cher frère, soyez persuadé que si vous vous rendez fidèle aux pratiques intérieures, que je vous marquerai ci- après: [226-256, 257-265] [Connaissance et mépris de soi-même]
1º Par la lumière que le Saint-Esprit vous donnera par Marie, sa chère Epouse, vous connaîtrez votre mauvais fonds, votre corruption et votre incapacité à tout bien, si Dieu n'en est le principe comme auteur de la nature ou de la grâce, et, en suite de cette connaissance, vous vous mépriserez, vous ne penserez à vous qu'avec horreur. Vous vous regarderez comme un limaçon qui gâte tout de sa bave, ou comme un crapaud qui empoisonne tout de son venin, ou comme un serpent malicieux qui ne cherche qu'à tromper. Enfin l'humble Marie vous fera part de sa profonde humilité, qui fera que vous vous mépriserez, vous ne mépriserez personne et vous aimerez le mépris.

[Participation à la foi de Marie] 214.La Sainte Vierge vous donnera part à sa foi, qui a été plus grande sur la terre que la foi de tous les patriarches, les prophètes, les apôtres et tous les saints. Présentement qu'elle est régnante dans les cieux, elle n'a plus cette foi, parce qu'elle voit clairement toutes choses en Dieu, par la lumière de la gloire; mais cependant, avec l'agrément du Très- Haut, elle ne l'a pas perdue en entrant dans la gloire; elle l'a gardée pour la garder dans l'Eglise militante à ses plus fidèles seviteurs et servantes. Plus donc vous gagnerez la bienveillance de cette auguste Princesse et Vierge fidèle, plus vous aurez de pure foi dans toute votre conduite: une foi pure, qui fera que vous ne vous soucierez guère du sensible et de l'extraordinaire; une foi vive et animée par la charité, qui fera que vous ne ferez vos actions que par le motif du pur amour; une foi ferme et inébranlable comme un rocher, qui fera que vous demeurerez ferme et constant au milieu des orages et des tourmentes; une foi agissante et perçante, qui, comme un mystérieux passe-partout, vous donnera entrée dans les mystères de Jésus-Christ, dans les fins dernières de l'homme et dans le coeur de Dieu même; une foi courageuse, qui vous fera entreprendre et venir à bout de grandes choses pour Dieu et le salut des âmes, sans hésiter; enfin, une foi qui sera votre flambeau enflammé, votre vie divine, votre trésor caché de la divine Sagesse, et votre arme toute-puissante dont vous vous servirez pour éclairer ceux qui sont dans les ténèbres et l'ombre de la mort, pour embraser ceux qui sont tièdes et qui ont besoin de l'or embrasé de la charité, pour donner vie à ceux qui sont morts par le péché, pour toucher et renverser, par vos paroles douces et puissantes, les coeurs de marbre et les cèdres du Liban, et enfin pour résister au diable et à tous les ennemis du salut.

[Grâce du pur amour] 215. 3º Cette Mère de la belle dilection ôtera de votre coeur tout scrupule et toute crainte servile déréglée: elle l'ouvrira et l'élargira pour courir dans les commandements de son Fils, avec la sainte liberté des enfants de Dieu, et pour y introduire le pur amour, dont elle a le trésor; en sorte que vous ne vous conduirez plus, tant que vous avez fait, par crainte à l'égard de Dieu charité, mais par le pur amour. Vous le regarderez comme votre bon Père, auquel vous tâcherez de plaire incesamment, avec qui vous converserez confidemment, comme un enfant avec son bon père. Si vous venez, par malheur, à l'offenser, vous vous en humilierez aussitôt devant lui, vous lui en demanderez pardon humblement, vous lui tendrez la main simplement et vous vous en relèverez amoureusement, sans trouble ni inquiétude, et continuerez à marcher vers lui sans découragement.

[Grande confiance en Dieu et en Marie] 216.La Sainte Vierge vous remplira d'une grande confiance en Dieu et en elle-même: 1º parce que vous n'approcherez plus de Jésus-Christ par vous-même, mais toujours par cette bonne Mère; 2º parce que, lui ayant donné tous vos mérites, grâces et satisfactions, pour en disposer à sa volonté, elle vous communiquera ses vertus et elle vous revêtira de ses mérites, en sorte que vous pourrez dire à Dieu avec confiance: Voici Marie votre servante: qu'il me soit fait selon votre parole: Ecce ancilla Domini, fiat mihi secundum verbum tuum; 3º parce que, vous étant donné à elle tout entier, corps et âme, elle qui est libérale avec les libéraux et plus libérale que les libéraux mêmes, se donnera à vous par retour d'une manière merveilleuse, mais véritalble; en sorte que vous pourrez lui dire hardiment: Tuus sum ego, salvum me fac: Je suis à vous, Sainte Vierge, sauvez-moi; ou comme j'ai déjà dit, avec le Disciple bien-aimé: Accepi te in mea: Je vous ai prise, sainte Mère, pour tous mes biens. Vous pourrez encore dire, avec saint Bonaventure: Ecce Domina salvatrix mea, fiducialiter agam, et non timebo, quia fortitudo mea, et laus mea in Domino es tu...; et en un autre endroit: Tuus totus ego sum, et omnia mea tua sunt, o Virgo gloriosa, super omnia benedicta; ponam te ut signaculum super cor meum, quia fortis est ut mors dilectio tua (S. Bon. In psal. min. B.V.) Ma chère Maîtresse et salvatrice, j'agirai avec confiance et je ne craindrai point, parce que vous êtes ma force et ma louange dans le Seigneur... Je suis tout vôtre, et tout ce que j'ai vous appartient; ô glorieuse Vierge, bénite par-dessus toutes choses créées, que je vous mette comme un cachet sur mon coeur, parce que votre dilection est forte comme la mort! Vous pourriez dire à Dieu dans les sentiments du Prophète: Domine, non est exaltatum cor meum, neque elati sunt oculi mei; neque ambulavi in magnis, neque in mirabilibus super me; si non humiliter sentiebam, sed exaltavi animam; sicut ablactatus super matre sua, ita retributio in anima mea: Seigneur, ni mon coeur, ni mes yeux n'ont aucun sujet de s'élever et de s'enorgueillir, ni de rechercher les choses grandes et merveilleuses; et, avec cela, je ne suis pas encore humble, mais j'ai relevé et encouragé mon âme par la confiance; je suis comme un enfant sevré des plaisirs de la terre et appuyé sur le sein de ma mère; et c'est sur ce sein qu'on me comble de biens. 4º Ce qui augmentera encore votre confiance en elle, c'est que, lui ayant donné en dépôt tout ce que vous avez de bon pour le donner ou le garder, vous aurez moins de confiance en vous et beaucoup plus en elle, qui est votre trésor. Oh! quelle confiance et quelle consolation pour une âme qui peut dire que le trésor de Dieu, où il a mis tout ce qu'il a de plus précieux, est le sien aussi! Ipsa est thesaurus Domini: Elle est, dit un saint, le trésor du Seigneur.

[Communication de l'âme et de l'esprit de Marie] 217. 5º L'âme de la Sainte Vierge se communiquera à vous pour glorifier le Seigneur; son esprit entrera en la place du vôtre pour se réjouir en Dieu, son salutaire, pourvu que vous vous rendiez fidèle aux pratiques de cette dévotion. Sit in singulis anima Mariae ut magnificet Dominum; sit in singulis spiritus Mariae ut exultet in Deo (S. Amb): Que l'âme de Marie soit en chacun pour y glorifier le Seigneur; que l'eprit de Marie soit en chacun, pour s'y réjouir en Dieu. Ah! quand viendra cet heureux temps, dit un saint homme de nos jours qui était tout perdu en Marie, ah! quand viendra cet heureux temps où la divine Marie sera établie maîtresse et souveraine dans les coeurs, pour les soumettre pleinement à l'empire de son grand et unique Jésus. Quand est-ce que les âmes respireront autant Marie que les corps respirent l'air? Pour lors, des choses merveilleuses arriveront dans ces bas lieux, où le Saint-Esprit, trouvant sa chère Epouse comme reproduite dans les âmes, y surviendra abondamment et les remplira de ses dons, et particulièrement du don de sa sagesse, pour opérer des merveilles de grâces. Mon cher frère, quand viendra ce temps heureux et ce siècle de Marie, où plusieurs âmes choisies et obtenues du Très-Haut par Marie, se perdant elles- mêmes dans l'abîme de son intérieur, deviendront des copies vivantes de Marie, pour aimer et glorifier Jésus-Christ? Ce temps ne viendra que quand on connaîtra et on pratiquera la dévotion que j'enseigne: Ut adveniat regnum tuum, adveniat regnum Mariae.

[Transformation des âmes en Marie à l'image de Jésus-Christ] 218. 6º Si Marie, qui est l'arbre de vie, est bien cultivée en votre âme par la fidélité aux pratiques de cette dévotion, elle portera son fruit en son temps; et ce fruit n'est autre que Jésus-Christ. Je vois tant de dévots et dévotes qui cherchent Jésus-Christ, les uns par une voie et une pratique, les autres par l'autre; et souvent après qu'ils ont beaucoup travaillé pendant la nuit, ils peuvent dire: Per totam noctem laborantes, nihil cepimus: Quoique nous ayons travaillé pendant toute la nuit, nous n'avons rien pris. Et on peut leur dire: Laborastis multum, et intulistis parum: Vous avez beaucoup travaillé, et vous avez peu gagné. Jésus-Christ est encore bien faible chez vous. Mais par la voie immaculée de Marie et cette pratique divine que j'enseigne, on travaille pendant le jour, on travaille dans un lieu saint, on travaille peu. Il n'y a point de nuit en Marie, puisqu'il n'y a point eu de péché ni même la moindre ombre. Marie est un lieu saint, et le Saint des saints, où les saints sont formés et moulés.

219. Remarquez, s'il vous plait, que je dis que les saints sont moulés en Marie. Il y a une grande différence entre faire une figure en relief, à coups de marteau et de ciseau, et faire une figure en la jetant en moule: les sculpteurs et statuaires travaillent beaucoup à faire les figures dans la première manière, et il leur faut beaucoup de temps; mais à les faire dans la seconnde manière, ils travaillent peu et les font en fort peu de temps. Saint Augustin appelle la Sainte Vierge forma Dei: le moule de Dieu: Si formam Dei te appellem, digna existis: le moule propre à former et mouler des dieux. Celui qui est jeté dans ce moule divin est bientôt formé en Jésus-Christ, et Jésus-Christ en lui: à peu de frais et en peu de temps, il deviendra dieu, puisqu'il est jeté dans le même moule qui a formé un Dieu.

220. Il me semble que je puis fort bien comparer des directeurs et personnes dévotes qui veulent former Jésus- Christ en soi ou dans les autres par d'autres pratiques que celle-ci, à des sculpteurs qui, mettant leur confiance dans leur savoir-faire, leurs industries et leur art, donnent une infinité de coups de marteau et de ciseau à une pierre dure, ou une pièce de bois mal polie, pour en faire l'image de Jésus-Christ; et quelquefois ils ne réussissent pas à exprimer Jésus-Christ au naturel, soit faute de connaissance et d'expérience de la personne de Jésus-Christ, soit à cause de quelque coup mal donné, qui a gâté l'ouvrage. Mais, pour ceux qui embrassent ce secret de la grâce que je leur présente, je les compare avec raison à des fondeurs et mouleurs qui, ayant trouvé le beau moule de Marie, où Jésus-Christ a été naturellement et divinement formé, sans se fier à leur propre industrie, mais uniquement à la bonté du moule, se jettent et se perdent en Marie pour devenir le portrait au naturel de Jésus-Christ.

221. O la belle et véritable comparaison! Mais qui la comprendra? Je désire que ce soit vous, mon cher frère. Mais souvenez-vous qu'on ne jette en moule que ce qui est fondu et liquide: c'est-à-dire qu'il faut détruire et fondre en vous le vieil Adam, pour devenir le nouveau en Marie.

[La plus grande gloire de Jésus-Christ] 222. 7º Par cette pratique, bien fidèlement observée, vous donnerez à Jésus-Christ plus de gloire en un mois de temps que par aucune autre, quoique plus difficile, en plusieurs années. - Voici les raisons de ce que j'avance:
1º Parce que, faisant vos actions par la Sainte Vierge, comme cette pratique enseigne, vous quittez vos propres intentions et opérations, quoique bonnes et connues, pour vous perdre, pour ainsi dire, dans celles de la Très Sainte Vierge, quoiqu'elles vous soient inconnues; et, par là, vous entrez en participation de la sublimité de ses intentions, qui ont été si pures, qu'elle a plus donné de gloire à Dieu par la moindre de ses actions, par exemple en filant sa quenouille, en faisant un point d'aiguille, qu'un saint Laurent sur son gril, par son cruel martyre, et même que tous les saints par leurs actions les plus héroïques: ce qui fait que, pendant son séjour ici-bas, elle a acquis un comble si ineffable de grâces et de mérites, qu'on compterait plutôt les étoiles du firmament, les gouttes d'eau de la mer et les sables du rivage, que ses mérites et ses grâces, et qu'elle a donné plus de gloire à Dieu que tous les anges et les saints ne lui ont donné ni ne lui en donneront. O prodige de Marie! vous n'êtes capable que de faire des prodiges de grâces dans les âmes qui veulent bien se perdre en vous.

223. 2º Parce qu'une âme, par cette pratique, ne comptant pour rien tout ce qu'elle pense ou fait d'elle-même, et ne mettant son appui et sa complaisance que dans les dispositions de Marie, pour approcher de Jésus-Christ, et même pour lui parler, elle pratique beaucoup plus l'humilité que les âmes qui agissent par elles-mêmes, et qui ont un appui et une complaisance imperceptible dans leurs dispositions; et, par conséquent, elle glorifie plus hautement Dieu, qui n'est parfaitement glorifié que par les humbles et les petits de coeur.

224. 3º Parce que la Sainte Vierge, voulant bien, par une grande charité, recevoir en ses mains virginales le présent de nos actions, elle leur donne une beauté et un éclat admirable; elle les offre elle-même à Jésus-Christ, et sans difficulté, que Notre-Seigneur en est plus glorifié que si nous les offrions par nos mains criminelles. [146-149]

225. 4º Enfin, parce que vous ne pensez jamais à Marie, que Marie, en votre place, ne pense à Dieu; vous ne louez ni n'honorez jamais Marie, que Marie avec vous ne loue et n'honore Dieu. Marie est toute relative à Dieu, et je l'appellerais fort bien la relation de Dieu, qui n'est que par rapport à Dieu, ou l'écho de Dieu, qui ne dit et ne répète que Dieu. Si vous dites Marie, elle dit Dieu. Sainte Elisabeth loua Marie et l'appela bienheureuse de ce qu'elle avait cru; Marie, l'écho fidèle de Dieu, entonna: Magnificat anima mea Dominum: Mon âme glorifie le Seigneur. Ce que Marie a fait en cette occasion, elle le fait tous les jours; quand on la loue, on l'aime, on l'honore ou on lui donne, Dieu est loué, Dieu est aimé, Dieu est honoré, on donne à Dieu par Marie et en Marie.