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5 mars 2013

Catéchèse à l'école de Marie ( 14)

La Vraie Dévotion de Montfort (257 - 265)

LANGAGE D’UN MYSTIQUE

« Voici des pratiques intérieures bien sanctifiantes pour ceux que le Saint Esprit appelle à une haute perfection », écrit Montfort (257). Maintes fois il a répété que l’Esprit-Saint est à l’œuvre dès qu’on s’ouvre au Seigneur : « Il conduit de grâce en grâce, de lumière en lumière pour arriver jusqu’à la transformation de soi-même en Jésus Christ et à la plénitude de son âge » (119).

D’une façon unique la Vierge Marie a été et est toujours impliquée dans l’œuvre du Christ. Depuis notre baptême nous le sommes également, chacun d’après ses capacités propres. Marie nous est donnée comme exemple et aide efficace. Montfort accumule quatre prépositions pour nous conduire à la Vierge Marie et il les reprend dans le même ordre pour indiquer l’union au Christ qui est le but ultime: « il faut faire toutes ses actions par Marie, avec Marie, en Marie et pour Marie, afin de les faire plus parfaitement par Jésus Christ, avec Jésus Christ, en Jésus et pour Jésus » (275). Le baptisé est appelé à devenir ‘homme nouveau’, ni plus ni moins, et à devenir ‘christ de Dieu’ parmi les hommes.
Montfort n’a rien inventé, il réfère à des témoignages de saints ; à leur exemple se sert abondamment d’images bibliques et il fait une lecture mystique des Ecritures, née d’une expérience vécue. Le point de départ est clair: la Vierge Marie est ‘pleine de grâces’, l’Esprit Saint l’a ‘couverte de son ombre’ ; voilà ce qui nous arrivera, toutes proportions gardées, si nous sommes habités de son esprit.

Par Marie

Comment faire tout par Marie ? Ici l’auteur approfondit davantage des suggestions données antérieurement. Faites comme Marie, nous dit-il, ne prenez pas vos projets et votre génie comme seules bases pour la réussite de la vie, sinon vous n’offrez pas dans votre vie l’espace nécessaire au Dieu Créateur. C’est seulement en vous ouvrant au Seigneur que son Esprit pourra vous rejoindre, comme c’est arrivé à la Vierge Marie. « Cet Esprit s’est tellement rendu maître d’elle qu’il est devenu son propre esprit » (258).  

« Il faut se mettre et se laisser entre ses mains virginales comme un instrument entre les mains d’un ouvrier, comme un luth entre les mains d’un bon joueur » (259). Comment y arriver ? Le pédagogue expérimenté réfère à la force de la répétition, à tout propos il faut redire votre affection à son égard. Alors vous serez « tout possédé et gouverné par l'esprit de Marie, qui est un esprit doux et fort, zélé et prudent, humble et courageux, pur et fécond! » (258).

Avec Marie

Il faut faire ses actions avec Marie. Elle est habitée du Saint-Esprit et par conséquent elle est un exemple parfait. C’est pourquoi vous pouvez la regarder comme un modèle accompli et l’imiter selon votre petite portée. Il faudrait qu'en chaque situation vous vous posiez la question comment elle aurait agit et Montfort réfère aux grandes vertus de Marie : sa foi vive (depuis l’annonciation jusqu’au Golgotha), son humilité profonde (jamais elle ne s’est ventée de sa situation privilégiée aux yeux de Dieu) ; son ouverture à Dieu (qui n‘a jamais eu sa pareille).

L’auteur reprend le langage de Saint-Augustin : Elle est le grand et unique moule de Dieu dans lequel l’image du Dieu invisible, Jésus a été formé. Il conclut : celui qui a trouvé ce moule et qui s’y perd sera bientôt changé en Jésus Christ. Il deviendra un autre christ (260).

En Marie

Ici Montfort fait une réflexion qui peut étonner, mais elle est bien fondée : toute la personne de Marie, son corps et son âme, est un ‘lieu’. Elle est une terre sainte où le Très Haut est venu habiter. Elle est le vrai paradis terrestre, parce que c’est là que le Nouvel Adam y a demeuré pendant neuf mois. Le paradis dans le livre de la Genèse n’en est qu’une image pour annoncer ce qui se réalisera en la Vierge Marie.

L’auteur compare le sein de la Marie avec de la glaise toute vierge dont le Seigneur s’est servi pour donner forme au Nouvel Adam. C’est le Saint Esprit qui a donné la fécondité à cette glaise et qui a nourri le fruit. Montfort compose un florilège, un recueil de pièces choisies, puisé partout dans la bible pour décrire le jardin extraordinaire et fertile qu’est Marie. « C'est en ce paradis terrestre où est véritablement l'arbre de vie qui a porté Jésus-Christ, le fruit de vie… » (261).

Pour exprimer la grâce dont la Vierge a été inondée, à plusieurs reprises notre auteur se sert de l’expression la ‘divine’ Marie, en opposition aux pécheurs que nous sommes. Elle est un ‘lieu’ particulier que Dieu s’est créé dans la perspective de sa mission unique. Il n’est pas évident que les pécheurs y aient accès : ce lieu saint n’est pas gardé par un chérubin, comme l'ancien paradis terrestre, mais par le Saint Esprit qui s'en est rendu le maître absolu… Les misérables enfants d'Adam et d'Eve, chassés du paradis terrestre, ne peuvent entrer dans ce paradis que par une grâce particulière … (263).

Grâce à sa fidélité, on peut obtenir cette faveur. On y est alors nourri comme un enfant dans le sein de sa mère, délivré de ses troubles, craintes et scrupules et à l’abri de ses ennemis qui n’y ont jamais eu d’entrée (264).

Pour Marie

Enfin Montfort reprend une caractéristique de la dévotion qu’il envisage : il s’agit de l’attitude de service. Marie est la servante par excellence du Seigneur et de son œuvre et elle a pris cet engagement sans la moindre recherche de récompense. À deux reprises déjà notre auteur a expliqué pour quelle raison il choisit l’expression ‘esclave’. Il s’agit de la cause du Seigneur et le vrai bonheur de tous.

« Un bon serviteur et esclave, ne doit pas demeurer oisif; mais, appuyé de la protection de Marie, il doit entreprendre et faire de grandes choses pour cette auguste Souveraine. Il doit défendre ses privilèges quand on les lui dispute; il doit soutenir sa gloire quand on l'attaque; dans la mesure du possible il doit attirer tout le monde à son service et à cette vraie et solide dévotion… il ne faut prétendre d'elle, pour récompense de ses petits services, que l'honneur d'appartenir à une si aimable Princesse, et le bonheur d'être par elle uni à Jésus, son Fils, d'un lien indissoluble dans le temps et l'éternité. »

Il termine en soulignant une fois de plus que Dieu seul est le propos du grand missionnaire. Avec de beaux caractères il remplit le restant de la page : 


« Gloire à Jésus en Marie! 
Gloire à Marie en Jésus! 
Gloire à Dieu seul! » 
(265).
Frans Fabry

Par Marie - 258


Faire toutes ses actions par Marie

258. 1º Il faut faire ses actions par Marie, c'est-à-dire qu'ils faut qu'ils obéissent en toutes choses à la Très Sainte Vierge, et qu'ils se conduisent en toutes choses par son esprit, qui est le Saint-Esprit de Dieu. Ceux qui sont conduits de l'esprit de Dieu sont enfants de Dieu: Qui spiritu Dei aguntur, ii sunt filii Dei. Ceux qui sont conduits par l'esprit de Marie sont enfants de Marie, et, par conséquent, enfants de Dieu, comme nous avons montré, et parmi tant de dévots à la Sainte Vierge, il n'y a de vrais et fidèles dévots que ceux qui se conduisent par son esprit. J'ai dit que l'esprit de Marie était l'esprit de Dieu, parce qu'elle ne s'est jamais conduite par son propre esprit, mais toujours par l'esprit de Dieu, qui s'en est tellement rendu le maître qu'il est devenu son propre esprit. C'est pourquoi saint Ambroise dit: Sit in singulis, etc.: Que l'âme de Marie soit en chacun pour glorifier le Seigneur; que l'esprit de Marie soit en chacun pour se réjouir en Dieu. 

Avec Marie - VD 260


Faire toutes ses actions avec Marie

260. 2º Il faut faire ses actions avec Marie: c'est-à-dire qu'il faut, dans ses actions, regarder Marie comme un modèle accompli de toute vertu et perfection que le Saint-Esprit a formé dans un pure créature, pour imiter selon notre petite portée. Il faut donc qu'en chaque action nous regardions comme Marie l'a faite ou la ferait, si elle était en notre place. Nous devons pour cela examiner et méditer les grandes vertus qu'elle a pratiquées pendant sa vie, particulièrement: 1. sa foi vie, par laquelle elle a cru sans hésiter la parole de l'ange; elle a cru fidèlement et constamment jusqu'au pied de la croix sur le Calvaire; 2. son humilité profonde, qui l'a fait se cacher, se taire, se soumettre à tout et se mettre la dernière; 3. sa pureté toute divine, qui n'a jamais ni n'aura jamais de pareille sous le ciel, enfin toutes ses autres vertus.
Qu'on se souvienne, je le répète une deuxième fois, que Marie est le grand et l'unique moule de Dieu, propre à faire des images vivantes de Dieu, à peu de frais et en peu de temps; et qu'une âme qui a trouvé ce moule, et qui s'y perd, est bientôt changée en Jésus-Christ, que ce moule représente au naturel.

En Marie - VD 261 - 263 - 264


Faire toutes ses actions en Marie

261. 3º Il faut faire ses actions en Marie.
Pour bien comprendre cette pratique il faut savoir: 1º Que la Très Sainte Vierge est le vrai paradis
terrestre du nouvel Adam, et que l'ancien paradis terrestre n'en était que la figure. Il y a donc, dans ce paradis terrestre, des richesses, des beautés, des raretés et des douceurs inexplicables, que le nouvel Adam, Jésus-Christ, y a laissées. C'est en ce paradis qu'il a pris ses complaisances pendant neuf mois, qu'il a opéré ses merveilles et qu'il a étalé ses richesses avec la magnificence d'un Dieu. Ce très saint lieu n'est composé que d'une terre vierge et immaculée, dont a été formé et nourri le nouvel Adam, sans aucune tache ni souillure, par l'opération du Saint-Esprit, qui y habite. C'est en ce paradis terrestre où est véritablement l'arbre de vie qui a porté Jésus-Christ, le fruit de vie; l'arbre de science du bien et du mal qui a donné la lumière au monde. Il y a, en ce lieu divin, des arbres plantés de la main de Dieu et arrosés de son onction divine, qui ont porté et portent tous les jours des fruits d'un goût divin; il y a des parterres émaillés de belles et différentes fleurs des vertus, qui jettent une odeur qui embaume même les anges. Il y a dans ce lieu des prairies vertes d'espérance, des tours imprenables de force, des maisons charmantes de confiance, etc. Il n'y a que le Saint-Esprit qui puisse faire connaître la vérité cachée sous ces figures de choses matérielles. Il y a encore en ce lieu un air pur, sans infection, de pureté; un beau jour, sans nuit, de l'humanité sainte; un beau soleil, sans ombre, de la Divinité; une fournaise ardente et continuelle de charité, où tout le fer qui [y] est mis est embrasé et changé en or; il y a un fleuve d'humilité qui sourd de la terre et qui, se divisant en quatre branches, arrose tout ce lieu enchanté; ce sont les quatre vertus cardinales.

263. Mais qu'il est difficile à des pécheurs comme nous sommes d'avoir la permission et la capacité et la lumière pour entrer dans un lieu si haut et si saint, qui est gardé non par un chérubin, comme l'ancien paradis terrestre, mais par le Saint- Esprit même qui s'en est rendu le maître absolu, de laquelle il dit: Hortus conclusus soror mea sponsa, hortus conclusus, fons signatus. Marie est fermée; Marie est scellée; les misérables enfants d'Adam et d'Eve, chassés du paradis terrestre, ne peuvent entrer à celui-ci que par une grâce particulière du Saint-Esprit, qu'ils doivent mériter.

264. Après que, par sa fidélité, on a obtenu cette insigne grâce, il faut demeurer dans le bel intérieur de Marie avec complaisance, s'y reposer en paix, s'y appuyer avec confiance, s'y cacher avec assurance et s'y perdre sans réserve, afin que dans ce sein virginal. Ceux qui demeurent en la Sainte Vierge en esprit ne feront point de péché considérable; 4. afin qu'elle soit formée en Jésus-Christ et que Jésus-Christ soit formé en elle: parce que son sein est, comme disent les Pères, la salle des sacrements divins, où Jésus-Christ et tous les élus ont été formés: Homo et homo natus est in ea.

Pour Marie - VD 260

Faire toutes ses actions pour Marie

265. 4º Enfin il faut faire toutes ses actions pour Marie, Car, comme on s'est tout livré à son service, il est juste qu'on fasse tout pour elle comme un valet, un serviteur et un esclave; non pas qu'on la prenne pour la dernière fin de ses services, qui est Jésus-Christ seul, mais pour sa fin prochaine et son milieu mystérieux, et son moyen aisé pour aller à lui. Ainsi qu'un bon serviteur et esclave, il ne faut pas demeurer oisif; mais il faut, appuyé de sa protection, entreprendre et faire de grandes choses pour cette auguste Souveraine. Il faut défendre ses privilèges quand on les lui dispute; il faut soutenir sa gloire quand on l'attaque; il faut attirer tout le monde, si on peut, à son service et à cette vraie et solide dévotion; il faut parler et crier contre ceux qui abusent de sa dévotion pour outrager son Fils; il ne faut prétendre d'elle, pour récompense de ses petits services, que l'honneur d'appartenir à une si aimable Princesse, et le bonheur d'être par elle uni à Jésus, son Fils, d'un lien indissoluble dans le temps et l'éternité.

GLOIRE A JESUS EN MARIE! 
GLOIRE A MARIE EN JESUS! 
GLOIRE A DIEU SEUL!