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29 septembre 2013

Être brasier d’amour là où tu es

Georges Madore, smm

Être brasier d’amour là où tu es


Voici le texte de la conférence de Georges Madore, smm,
faite samedi le 10/8/2013
pendant la Rencontre Internationale à Saint-Laurent-sur-Sèvre.




Dans son beau livre intitulé «Où cours-tu? Ne sais-tu pas que le ciel est en toi?», Christiane Singer écrit:
Dans notre univers contemporain et carcéral, voué entier au mercantilisme et à l’insignifiance, ce qu’il s’agit à tout prix (vraiment à tout prix) d’éviter, c’est la profondeur et l’intensité. Tout est mis en place, construit, inventé, dressé, produit, distribué pour détourner de l’amour et servir de rempart à son rayonnement incendiaire.

Ce n’est pas, bien sûr, l’amour qui s’en trouve menacé. Ce qui est menacé, c’est notre faculté d’aimer. (...) Notre société ne parviendra pas plus à extirper l’amour de la Création qu’à éteindre la Voie lactée, mais elle réussira bel et bien à s’extirper elle-même. Ce qui est menacé, c’est notre participation au concert, non le concert. (...) En réduisant le champ vibratoire de l’amour dans nos vies, c’est nous-mêmes que nous expulsons hors du domaine des Vivants.
            (pages 49-50)

I. AUX RACINES DE L’AMOUR
            Nous, humains du 21ème siècle sommes toujours tentés de commencer par l’action car souvent nous n’estimons que l’action. Pour nous, aimer, c’est d’abord, et parfois exclusivement agir. Nous oublions alors que l’action est un fruit qui ressemblera à l’arbre qui le porte. «On ne peut cueillir de bons fruits sur un mauvais arbre» dit Jésus.. Il nous faut aller aux racines même de l’agir qui feront que cet agir sera fruit de l’amour ou fruit de l’indifférence ou de l’égoïsme.

Les yeux, le cœur, les mains et les pieds
            En poursuivant la comparaison de l’arbre, on pourrait dire que les racines profondes de l’amour sont les yeux ou le regard, que ses branches et sa sève sont l’émotion – ce qui émeut, ou met en mouvement- et enfin le fruit en est l’action.

            C’est exactement ce mouvement que l’on voit dans l’Évangile. Ainsi, dans saint Luc, en voyant la veuve qui va enterrer son fils unique, Jésus voit, puis est bouleversé, puis il agit (Luc 7, 11-13)

“11 Et il advint ensuite qu’il se rendit dans une ville appelée Naïn. Ses disciples et une foule nombreuse faisaient route avec lui. 12  Quand il fut près de la porte de la ville, voilà qu’on portait en terre un mort, un fils unique dont la mère était veuve; et il y avait avec elle une foule considérable de la ville. 13  En la voyant, le Seigneur fut saisi de pitié pour elle et lui dit: "Ne pleure pas." 14  Puis, s’approchant, il toucha le cercueil, et les porteurs s’arrêtèrent. Et il dit: "Jeune homme, je te le dis, lève-toi." 15  Et le mort se dressa sur son séant et se mit à parler. Et il le remit à sa mère.” (Luc 7:11-15 JER)

De même, Marc raconte:

“32 Les disciples et Jésus partirent donc dans la barque vers un lieu désert, à l’écart. 33  Les voyant s’éloigner, beaucoup comprirent, et de toutes les villes on accourut là-bas, à pied, et on les devança. 34  En débarquant, il vit une foule nombreuse et il en eut pitié, parce qu’ils étaient comme des brebis qui n’ont pas de berger, et il se mit à les enseigner longuement. 35  L’heure étant déjà très avancée, ses disciples s’approchèrent et lui dirent: "L’endroit est désert et l’heure est déjà très avancée; 36  renvoie-les afin qu’ils aillent dans les fermes et les villages d’alentour s’acheter de quoi manger." 37  Il leur répondit: "Donnez-leur vous-mêmes à manger." Ils lui disent: "Faudra-t-il que nous allions acheter des pains pour deux cents deniers, afin de leur donner à manger?"” (Marc 6:32-37 JER)

Voyons donc ces trois mouvements de l’amour: voir, être ému, agir, ou pour référer à notre corps par lequel s’exprime l’amour: les yeux, le cœur, puis les mains et les pieds.

            1. Les yeux. Il faut d’abord changer notre regard sur l’autre. Il faut convertir notre regard si l’on veut que nos gestes aussi soient convertis. Convertir son regard, c’est entrer dans le regard que le Christ portait sur les autres. Le Christ voyait dans les autres non pas des riches ou des pauvres, des pécheurs ou des riches, des vieux ou des jeunes. Il voyait dans les autres des enfants de Dieu, mais des enfants souvent égarés ou blessés. La femme adultère n’est pas une pécheresse qu’il faut éliminer, mais une pauvre brebis qui a cherché la vie et le bonheur du mauvais côté. Zachée n’est pas un mauvais riche à mépriser, mais un homme blessé qui cherche sa guérison en accumulant les biens et en prouvant son pouvoir. Donc, la première question à me poser si je veux aimer n’est pas «qu’est-ce que je vais faire», mais «comment est-ce que je vois l’autre et les autres»

            2. Le cœur Dans les deux récits que nous avons vu plus haut, les évangélistes soulignent que le Christ est ému, saisi. Le verbe employé «splanknisômaï» vient du mot splankna: entrailles. C’est une émotion très intense qui engage tout l’être. Luc emploiera le même verbe pour décrire ce qui se passe dans deux personnages de parabole: le bon samaritain est ému, bouleversé, en voyant l’état de l’homme à demi-mort sur le chemin de Jéricho. Le père du jeune fils est bouleversé en voyant son fils revenir à la maison.

            Être ému, bouleversé, c’est se laisser atteindre par l’autre au plus intime de soi-même. Ainsi, le Christ se laisse rejoindre et toucher par la veuve de Naïn, et ensuite, il touche le cercueil de son fils.

            3. Les mains et les pieds Une fois que le regard de Jésus s’est posé sur l’autre à travers mon propre regard, une fois que j’ai laissé l’autre m’atteindre, que l’émotion a mis mon être en mouvement, l’a mobilsé, alors, l’action germe tout naturellement. Je sentirai en moi une nécessité d’agir. Le regard et l’émotion porteront fruit dans l’action. Quelle action? Prenons comme exemple la parabole du bon samaritain. Contrairement au prêtre et au lévite, le samaritain sait voir à la manière de Dieu. Il sait être ému à la manière de Dieu. Et enfin, je dirais, il agit... à la manière humaine, c’est-à-dire avec ce qu’il a: de l’huile et du vin! Il faut toujours savoir agir avec ce qu’on est et ce qu’on a. Si j’attend d’être un docteur en sociologie ou en psychologie, ou d’avoir amassé une fortune permettant d’établir une ONG, je n’agirai jamais. J’agis avec ce que je suis (Exemple du Père Guindon sur le pont...)

Je cite ici encore Christiane Singer:
Chaque geste que tu fais peut t’ouvrir ou te fermer une porte. Chaque mot que bredouille un inconnu peut être un message à toi adressé. À chaque instant, la porte peut s’ouvrir sur ton destin et par les yeux de n’importe quel mendiant, il peut se faire que le ciel te regarde. L’instant où tu t’es détourné, lassé, aurait pu être celui de ton salut. Tu n e sais jamais.  Chaque geste peut déplacer une étoile.
Cette certitude que tout, aussi minime en apparence et à chaque instant, puisse être relié à la face cachée du monde, transforme radicalement la vie. Le brouillard de l’insignifiance est levé. (page 45)

II. UNE QUALITÉ FONDAMENTALE DE L’AMOUR: LE RÉALISME
            Tentation constante de ne pas aimer l'autre, mais une image qu'on s'est faite, un idéal... Mais la première qualité de l'amour, c'est d'être réaliste, c’est-à-dire d’aimer celui ou celle qui est là devant moi, et non une image que je me fais de l’autre.  Exemple de Rachel qui lit un roman Arlequin racontant l'amour passionné d'un comte Henri de Neuville et de la petite Lison. Elle marie un homme, appelé Henri, mais attend de lui ce que le comte donnait à Lison! Quand on demande à quelqu'un ce qu'il ne peut donner, cela nous empêche de recevoir ce qu'il peut offrir! Si un homme demande à son épouse de lui donner ce que sa mère lui a donné, il risque d'être déçu.

            Dans l'Évangile: jeudi-saint, Jésus dit: «Un de vous me trahira.» Pierre, tout de suite: «Pas moi, Seigneur, jamais!» Jésus dit: «Pierre, je te connais: tu es faible. Avant que le coq puisse chanter une fois, tu vas avoir eu le temps de me trahir trois fois. Mais par la suite, on se rencontrera à nouveau, et on continuera à marcher ensemble.» Amour réaliste de Jésus: ne se fait aucune illusion sur Pierre, mais l'aime dans sa faiblesse. Amour réaliste du Christ pour moi...

«L'amour sans vérité est illusion, la vérité sans amour est condamnation.»

III. LES RISQUES DE L’AMOUR
            Aimer, c’est dangereux, on court des risques quand on aime: risque d’être exploité, de souffrir, d’être incompris, d’être déçu. Mais le plus grand risque, c’est de ne pas aimer, car alors on passe à côté de la vie. L’être humain est fait pour aimer et porte en lui la marque de Dieu, qui est Amour. Oui, ne pas aimer, c’est passer à côté de la vie.

            Exemple de la grande-tante Rébecca. Elle et sa voisine Mme Hurtubise gagnent le premier prix pour avoir tricoté une couverture de bébé. Rébecca donne la sienne à sa petite fille qui en fait son doudou, couche avec tous les soirs, l’use à la corde. Mme Hurtubise elle, garde la sienne jalousement, dans le fond de son tiroir, mais découvre un jour qu’elle est rongée par les mites! Nous n’avons pas le choix: notre vie s’use, rongée par la vieillesse et la maladie. Mais nous avons un choix, un seul: comment ma vie s’use: pour moi tout seul, ou pour donner de la chaleur, de la tendresse! «  En effet, qui veut sauver sa vie, la perdra; mais qui perd sa vie à cause de moi, la sauvera» (Luc 9:24)

            Dieu lui-même s’est risqué à aimer... et il en a souffert. Cf. Osée: «elle courait après ses amants, et moi, elle m’oubliait» (Osée 2, 15). Le Christ en croix, victime de son amour pour l’humanité.

IV. QU’EST-CE QU’IL YA DANS UN CŒUR QUI AIME?

            Qu’est-ce qu’il y a dans un cœur qui aime? Que devons-nous avoir dans notre cœur pour réussir nos amours? Nous le découvrirons à travers cinq objets symboliques.

    1. Le chèque en blanc, symbole de la confiance. Sans la confiance, l’amour est impossible. La confiance, si précieuse, et si facilement brisée.

        2. Les papier-mouchoirs ou l’écharpe de soi, symbole de la souplesse. Il faut beaucoup de souplesse dans une relation. Mettre de l’eau dans son vin, ne pas dramatiser une situation, avoir de l’humour.

       3. La clé, symbole du partage. Le plus difficile à partager, c’est le temps. Si je partage ma maison, mon chalet, l’autre ne part pas avec! Mais le temps que je donne à l’autre est un don total: il ne reviendra jamais.

         4. Le téléphone: la communication, c’est la nourriture de base de l’amour.

       5. La gomme à effacer, symbole du pardon. Nous sommes des êtres humains et donc faibles. Pardonner à l’autre d’être humain!  Inévitablement, on se fait mal, on déçoit l’autre. Sans pardon, aucun amour ne peut survivre.

         6. La croix. Saint Jean a écrit: «Qui n’aime pas n’a pas découvert Dieu, puisque Dieu est amour.» «Dieu est amour: qui demeure dans l’amour demeure en Dieu, et Dieu demeure en lui» (1 Jean 4, 8.16) Celui qui aime est habité par Dieu. Et celui qui est habité par Dieu est branché sur la source même de tout amour. De Dieu, nous apprenons l’art d’aimer et recevons la force d’aimer.

Laissons Montfort nous guider pour contempler la source de tout amour: le Christ dans sa passion:

Hélas! On le prend, on le lie,
On l’accable de mille coups,
On le cloue, on le crucifie,
Son Cœur est toujours aussi doux.

Son Père exauce sa prière,
Voilà qu’on perce son côté
Duquel il sort une rivière
D’eau, de sang et de charité.

Enfin, la fournaise est ouverte,
Enfin, ce grand Cœur est ouvert;
Enfin, la cause est découverte
Pourquoi Jésus a tant souffert.

En le perçant, on le soulage,
Car le feu dévorant ce Cœur,
La lance lui fait un passage
Pour se rendre au cœur du pécheur.
(cantique 41, couplets. 1, 19, 28, 34-36)

Georges Madore s.m.m.

10 août 2013

22 septembre 2013

"Faites tout ce qu'Il vous dira" (St Jean 2,5)

                             
   Marie : « Faites tout ce qu’il vous dira »
St Jean 2, 5


Voici le texte de la conférence de Dany BILLE diacre permanent, faite vendredi le 9/8/2013 pendant la Rencontre Internationale à Saint-Laurent-sur-Sèvre. Dany Bille est diacre permanent à la paroisse de Bonnières-Rosny.


Après avoir découvert que JÉSUS a compris et obéit à sa demande, MARIE demande et encourage  les serviteurs des noces de Cana à se mettre au service du CHRIST. Par ce premier signe miraculeux ; ‘’changement de l’eau en vin’’, JÉSUS répond particulièrement à un besoin concret, et il prend conscience de sa mission. Sur la demande de MARIE, pour accomplir ce signe, JÉSUS avait besoin concrètement du service des hommes. Donc, par MARIE, il partage avec nous, ce que nous partageons avec Lui.

Pour être serviteurs du CHRIST, il nous faut partager du temps avec Lui à l’image de MARIE. En partageant du temps avec le CHRIST par notre foi, nous sommes appelés à partager du temps avec les autres. Foi et charité ne font qu’un. Dans sa lettre ‘’Porta Fidei’’ pour l’année de la foi, le Pape Benoît XVI nous dit ceci : « La foi sans la charité ne porte pas de fruit et la charité sans la foi serait un sentiment à la merci constante du doute. Foi et charité se réclament réciproquement, si bien que l’une permet à l’autre de réaliser son chemin. »
Partager, ce sont des actions de collaboration pour se mettre pleinement au service des autres. En cette Année de la Foi, l’Église nous invite à vivre des temps de partage avec les familles, les pauvres, les malades, les exclus de la société… … En reprenant les sources de l’Évangile ; en nous laissant guider par MARIE, nous devenons des missionnaires de l’Église au cœur du monde. Un monde marqué par de nombreuses fragilités et de nombreuses faiblesses. A travers son propre parcours, St Louis Marie Grignon de Montfort nous aide à partager des temps missionnaires au milieu du monde. Dès son arrivée à Poitiers, des pauvres de l’hôpital, des miséreux découvrent en lui une attention particulière pour eux à travers ses regards et ses quatre heures de prière dans la chapelle. Si bien, qu’ils ont une affection particulière pour lui. Et ce sont eux les pauvres qui le choisissent comme accompagnateur, pour les secourir et les enseigner. Par nos partages avec les autres, nous témoignons de la présence du CHRIST au cœur de chacun. Comme MARIE, en accueillant JÉSUS en nous, nous sommes appelés à faire resplendir une réelle charité qui fait partie de la plus forte action de l’Église dans le monde.

Comment faire reconnaitre ce principal service de l’Église au cœur de notre société ?

Dans la diversité sociale, culturelle et religieuse, il me semble important de partager avec courage et détermination pour construire et vivre ensemble une réelle vie humaine. Grâce à cette diversité sociale, nous sommes appelés à une vraie vie fraternelle.

En tant que baptisés, nous sommes aussi des citoyens, des employés dans des entreprises, dans des associations, dans la vie publique… … … A travers nous, l’Église est insérée dans la société. Notre vie de chrétiens est appelée à partager la vie missionnaire de l’Église avec tout être humain tel qu’il soit ; afin de témoigner de la charité gratuite du CHRIST pour chacun de nous.  Lors de son pèlerinage à St Laurent, notre Pape Jean-Paul II a fait ce salut : « Certains ont fait preuve d’un émouvant esprit chrétien, lorsque, religieux ou laïcs, ils soignaient les blessés quelque soit leur camp… … … En invoquant quelques traits de votre histoire, je voudrais vous inviter à en retenir le meilleur. Restez attachés au CHRIST ; comme lui, aimez toute l’humanité, à commencer par les membres les plus défavorisés en partageant la charité. Restez fidèles à l’Église, à l’Eucharistie et au sacrement du pardon. Laissez-vous pénétrer par l’amour qui vient de Dieu. »  Jean-Paul II nous invite à imiter le CHRIST dans son engagement envers toute l’humanité et particulièrement les plus pauvres. Il nous faut vivre et partager pleinement nos actions sociales pour montrer l’enracinement de notre vie chrétienne. Cet enracinement qui prend force et se construit à partir de la Parole de Dieu afin d’aimer les autres comme Dieu Lui-même nous aime. « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés. Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis. » (St Jean 15, 13)

En enracinant notre vie chrétienne à travers le partage, nous servons le CHRIST.

Pour servir Dieu, il nous faut nous approcher de celles et ceux qui sont dans leur souffrance. La souffrance, qu’elle soit morale, psychique, psychologique, matérielle ou physique. Dans le monde d’aujourd’hui, bien des personnes sont de plus en plus démunies et traversent des souffrances de tous ordres. Alors, que faire pour eux et avec eux ? Quoi leur dire ? Comment se comporter face à eux ?

Servir les autres ; il faut d’abord bien les accueillir pour un réel travail d’accompagnement qui nous invite à la patience afin de mesurer la souffrance de l’autre et nos propres limites. JÉSUS nous a accueilli tel que nous sommes et a partagé avec nous ce que nous sommes afin que nous partagions avec nos frères ce qu’Il est : le Dieu de Miséricorde. L’importance de l’accueil est primordiale. Quelle est donc notre façon d’accueillir, c’est-à-dire de servir l’invitation du CHRIST ? Pour bien servir nos frères et sœurs, il nous faut en suite nous mettre à leur écoute pour cheminer le mieux possible avec eux dans la confiance mutuelle et la patience. Et le service concerne toutes les dimensions de la vie sociale. « J’avais faim, et vous m’avez donné à manger ; j’avais soif, et vous m’avez donné à boire ; j’étais un étranger, et vous m’avez accueilli ; j’étais nu, et vu m’avez habillé ; j’étais malade, et vous m’avez visité ; j’étais en prison, et vous êtes venus jusqu’à moi !... … … Quand sommes-nous venus jusqu’à toi ? Amen, je vous le dis : chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces petits qui sont mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait. » (Mt 25, 35-40). JÉSUS nous rappelle que servir son frère est une action positive vis-à-vis de Lui. Il nous montre, comment vivre la relation avec les autres et particulièrement les plus pauvres. Pauvretés qui ne cessent de fragiliser les liens non seulement dans la société, mais également à l’intérieur des familles.

Pour bien partager avec nos frères, pour bien servir Dieu en servant nos frères et bien vivre notre mission, il y a une étape importante qui est la formation. Par les formations que nous propose l’Église, nous vivons en collaboration avec elle. Grâce à l’Église, nous cheminons avec JÉSUS par MARIE dans notre mission pastorale. Notre Pape François nous invite à aimer JÉSUS par le service dans l’humilité ; à le servir humblement par amour de nos frères. Pour être missionnaire, l’importance d’être bien formé est évidente. Etre formé par nos diocèses, par nos communautés est un instrument d’approfondissement de la foi, de la Parole de Dieu, de compréhension et d’adaptation aux diverses souffrances de nos frères. Par de bonnes formations, Servir et Partager, c’est : poser des actes concrets de foi, de charité et d’espérance. La charité qui est une foi active, jaillit d’une communion profonde avec Dieu. Par le Partage et le Service, nous christianisons non seulement les pauvres, les malades, les jeunes… … …, mais aussi leur environnement. Partager et Servir sont au cœur d’une relation pédagogique qui est au cœur de l’évangélisation.

Pour bien faire tout ce que JÉSUS nous dit, il nous faut découvrir l’image que nous donne la Vierge MARIE Le regard de MARIE lors des noces de Cana nous aide, non seulement à contempler son Fils, mais à nous mettre à son service. Saint Louis Marie Grignon de Montfort n’a cessé de se mettre sous le regard de la Vierge MARIE pour servir pleinement son Fils. Comme Saint Louis Marie Grignon de Montfort, à l’école de MARIE, par nos partages et nos services, nous faisons découvrir à nos frères et sœurs la miséricorde de Dieu qui nous soutient dans notre mission. Il ne cessait de prier pour bien servir les jeunes, les pauvres, les malades, les exclus de la société à l’image de JÉSUS.

Lorsque MARIE dit : « Faites tout ce qu’il vous dira », Elle nous invite à découvrir la figure DIACONALE de JÉSUS ; car « Il n’est pas venu pour être servi, mais pour servir et donner sa vie pour la multitude ».
Partager et Servir sont deux piliers qui nous enracinés dans DIACONIA 2013 à Lourdes lors du rassemblement, (9 au 13 mai 2013) où les évêques de France nous invités à vivre et à partager afin d’enraciner nos diocèses, nos paroisses et nos communautés sur un réel service de fraternité. Tout au long de ce pèlerinage, nous sommes entrés dans un véritable dialogue pour vivre dans la charité, la justice et l’amour de nos frères et sœurs. Dans la diversité sociale, culturelle et religieuse, il est important de partager avec courage et détermination pour construire tous ensemble une nouvelle culture de la vie humaine. Grâce à cette diversité, nous sommes appelés à vivre une vie fraternelle non seulement avec les pauvres, mais également avec ceux qui ont des richesses à partager. Comme l’a vécu totalement Saint Louis Marie Grignon de Montfort.

Par le DIACONIA, c’est l’Église, au nom du CHRIST et à son image qui se met au service des pauvres, des malades, des exclus de notre société, de nos jeunes, mais également des riches qui ont besoin de partager légalement et humblement une partie de leurs richesses. Par le DIACONIA, il n’y a plus de rupture entre notre expérience spirituelle et notre engagement dans le monde. En nous tournant le CHRIST et en nous mettant au service de nos frères, nous témoignons de la présence de Dieu en nous et hors de nous.

Suite à tous les forums que nous avons vécu et partager, aux célébrations ; suite aux témoignages de plusieurs malades, de personnels soignants, de personnes isolées, de jeunes en difficultés, de familles dans la misère, d’anciens prisonniers, des étrangers… … … … …, les 86 évêques nous demander de servir la fraternité. Par nos ministères, nous donc tous invités à discerner les signes et les besoins de nos frères pour nous mettre à leur service.                     

                              DIACONIA 2013        Retour de LOURDES
Ces trois journées exceptionnelles vécus à Lourdes nous ont poussées en permanence sur la question :
                                             Quels sont nos chemins pour l’avenir ?
Le premier chemin est de développer un bon accueil au son des paroisses ; car c’est le premier chemin d’évangélisation de l’Église.

De nos jours, beaucoup de personnes sont isolées, rejetées par la société et grandissent dans une souffrance atmosphérique. En accueillant les pauvres, les malades, ceux qui souffrent intérieurement, nous les aiderons à s’intégrer non seulement dans l’Église, mais également dans la vie sociale.

Autre chemin important est de structurer fortement et pleinement des liens dans le service des malades, des pauvres, de ceux qui souffrent intérieurement… … … dans le monde et dans l’Église. C’est une invitation à animer le vivre ensemble entre l’Église et les pauvres dans le monde. Notre monde est de plus en plus bouleversé par le déchirement du lien familial et amical. Ces déchirements fragilisent les liens entre les hommes et installent de multiples souffrances.

Nous sommes donc invités par nos évêques à tisser des liens pour bien nous mettre au service de la fraternité. « A la lecture de l’Évangile, à la suite du Christ serviteur, tous ont appris à écouter la voix des pauvres de notre temps. Ensemble, osons le changement de regard sur les plus fragiles. Abandonnons un regard qui juge et humilie pour un regard qui libère. Ensemble, osons le changement d’attitude au sein des communautés chrétiennes pour que les pauvres y tiennent toute leur place. »

Tout au long de ces trois journées, les évêques, les prêtres et les diacres, nous nous sommes mis sur les mêmes bancs que les laïcs (malades, handicapés, personnes âgées, biens portants et les jeunes) ; y compris lors des messes. Ces présences collectives ont ouvert les yeux et le cœur de beaucoup de souffrants sur ‘’la présence de Dieu auprès d’eux. Nous avons vécu le Vivre Ensemble par la présence des ministres ordonnés auprès de nous’’ m’ont-ils dit. 

Par l’accueil et l’accompagnement, nous additionnons, service et annonce de la Parole de Dieu. Nous donnons un vrai visage d’amour de l’Église pour tout être humain. Ce visage n’est pas une image mais un engagement dans la charité et la fraternité.

Comment puis-je aider l’Église dans son service, dans son service dans le monde ?

                    Servons donc la fraternité en faisant tout ce que JÉSUS nous demande.

                                                                                                      Dany BILLE diacre permanent


                                                                                                      Serviteur de JÉSUS par MARIE

15 septembre 2013

Apprends-nous à prier

Apprends-nous à prier

Sr Carmelle Dugas, fdls
Voici le texte de la conférence de la sr Carmelle Dugas, fdls, faite jeudi le 8/8/2013 pendant la Rencontre Internationale à Saint-Laurent-sur-Sèvre.

 *      Introduction : ‘(diapo)
Durant l’heure qui va suivre, je partagerai avec vous des notions sur la prière ainsi que certaines façons de prier. Dans une heure on ne peut pas tout dire et même si on disait tout, il reste toujours l’expérience de la personne qui prie – et je dirais que c’est encore plus important que tout ce que je pourrai vous en dire.

*      Plan : 
Voici donc le plan que je propose :
Qu’est-ce que la prière?
Quelques  grands priants dans la Bible
Nécessité de la prière
Genres de prière :
Ø  Vocale
Ø  Mentale
v Conseils pratiques afin de nous disposer à la prière

*      La prière : un besoin fondamental

La prière n’est pas réservée aux religieux et aux religieuses.  Elle fait partie de la dimension spirituelle de tout être humain et cela au-delà de l’Église.

*   Écoutons St Paul dans sa 1ère lettre à Timothée :
« J’exhorte donc, avant toutes choses, à faire des prières, des supplications, des requêtes, des actions de grâces, pour tous les humains……………afin que nous menions une vie tranquille, en toute piété et honnêteté.  Cela est bon et agréable devant Dieu notre Sauveur, qui veut que tous les humains soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité » I Tim. 2, 1-4.

*      Connaître Celui qui a dit : « Je suis la Vérité… »
L’humain a besoin d’entrer en relation avec Dieu et d’exprimer cette relation de quelque façon.
« Marche humblement avec ton Dieu » Michée 6,8
Marcher avec quelqu’un c’est entrer en relation.
Le Père de Montfort dit que la prière est le canal ordinaire par lequel Dieu passe pour nous accorder ses grâces (ASE # 184), c’est donc la façon la plus ordinaire de rencontrer Dieu

Qu’entendons-nous par prière?

*      La prière, est un dialogue avec Dieu. Elle suppose donc la foi en un rapport possible avec Dieu. Cette foi a toujours été présente au cœur de la prière du Peuple de Dieu.
La prière fait partie de nos vies. Par contre, vous comme moi, nous nous posons la question : « comment prier ou comment mieux prier» ?
Nous ne sommes pas les seuls à nous poser cette question ou à douter de nos capacités de prier.  Même St-Paul en était là.  Écoutons ce qu’il dit en Romain, chapitre 8, verset 26 :

*      « L’Esprit vient au secours de notre faiblesse, car nous ne savons que demander pour prier comme il faut; mais l’Esprit lui-même, intercède pour nous en des gémissements ineffables….» 

St Paul nous assure que l’Esprit vient nous assister.  Il vient au secours de notre faiblesse. L’Esprit est là en nous. Il faut laisser l’Esprit prier en nous.  C’est le but de la prière ou au moins, c’est à cela que l’on aspire.

*      « Prier, c’est respirer l’Esprit-Saint » nous dit St Grégoire. 

*      La prière, disait Ste Thérèse de l’Enfant Jésus, c’est un élan du cœur, c’est un simple regard jeté vers le ciel, c’est un cri de reconnaissance et d’amour au sein de l’épreuve comme au sein de la joie. Prier n’est pas nous épuiser à offrir à Dieu de beaux sentiments; c’est plutôt nous exposer à Lui comme le petit oiseau s’expose au Soleil divin pour qu’Il puisse venir en nous déployer toutes les virtualités de son Amour.
Elle priait ainsi : Ô mon Dieu, Trinité bienheureuse…laissez déborder en mon âme les flots de tendresse infinie qui sont renfermés en vous.»

*      Quelques grands témoins bibliques nous montrent que:
v    la prière est indispensable
     elle est un réel cœur à cœur entre l’humain et Dieu
        Ouvrez n’importe quel livre de la Bible, vous y trouverez des personnages priants
 Confronter nos vies à l’expérience de ces grands témoins de Dieu, c’est prier!


*      Abraham

intercède, argumente, invoque la grandeur de Dieu pour Sodome devant le Seigneur  (Genèse 18, 22-33)

*      Suzanne
Dieu éternel, tu connais ce qui est caché, tu es même au courant de chaque
événement avant qu’il se produise…tu sais que je ne suis pas coupable.’  Daniel 13,42

Le Seigneur entendit l’appel de Suzanne…il suscita la sainte protestation d’un jeune garçon nommé Daniel…’  13,44

*      Salomon
Seigneur donne-moi un cœur qui écoute    (1 roi 3,9)   
« Donne-moi la Sagesse assise auprès de toi… »   Sagesse 9, 4

*      Marie la mère de Jésus et notre mère

Marie conservait toutes ces choses dans son cœur et y réfléchissait
profondément.      Luc 2, 19
Elle loue le Seigneur d’avoir regardé sa bassesse
Ils n’ont plus de vin        Jean 2,3
Marie voit les besoins des autres et elle les signale à Jésus.

*      Jésus le grand priant
« Père, je te prie pour ceux      que tu m’as confiés. »    Jean 17,9
« Père, si c’est possible, éloigne de moi cette coupe de douleur…
Toutefois, non pas comme je veux mais comme tu veux.
 »                                                                             Mat. 26,39
                           
*      Pourquoi prier?

La nécessité de la prière découle de l’exemple que Jésus lui-même nous a donné. Toute la vie de Jésus est rythmée par la prière. Relisez l’évangile de Luc. On y retrouve toutes les qualités de la prière.

*      La composition du temps et du lieu:

« En ce temps-là, Jésus monta sur une colline (lieux) pour prier et y passa toute la nuit (temps) à prier Dieu » (Luc, 6 12). (choix des apôtres).  Il parle à son Père.

*      La prière se vit dans le concret de l’humanité :

« Un jour, Jésus priait à l’écart et ses disciples étaient avec lui… » (9, 18). (déclaration de Pierre sur l’identité de Jésus). À la question de Jésus : « Pour vous, qui suis-je? » Quoi de plus humain? Pierre, mu par l’Esprit répondit : « Tu es le Messie… »
 « Jésus prit avec lui Pierre, Jean et Jacques, et il monta sur une   montagne pour prier » (9, 28). (transfiguration)…se montre tel qu’il est.

*      Dans la prière on exprime ses émotions :

« Jésus s’écria : ‘O Père, Seigneur du ciel et de la terre, je te remercie d’avoir révélé
aux petits ce que tu as caché aux sages et aux gens instruits… » (10, 21).
(Jésus se réjouit et remercie Dieu et l’exprime). Exprime ses sentiments.

*      Reflet dans le visage –

*      L’amour se révèle dans son regard

« Un jour, Jésus priait en un certain lieu. Quand il eut fini, un de ses
disciples lui demanda : ‘Seigneur, apprends-nous à prier’  (11,1). 
(Le Notre Père) C’est à ce moment là que Jésus leur apprit la si belle
prière du Notre Père.
La prière du Notre-Père est la prière par excellence transmise par Jésus lui-même. 
Ce sont des paroles que l’on n’a jamais fini de creuser.
C’est un programme de vie.
Découvrir cette prière et nous laisser façonner
par elle est impératif pour notre progrès spirituel;

*      La prière nous apprend à pardonner

*      Sur la Croix : il pardonne et exprime le pardon
« Père pardonne-leur… … » (23, 34)
        
*      La nécessité de la prière est indéniable. 
                         Mais comment prier?

Façons de prier

Il y a plusieurs façons de prier. Mais je m’arrêterai sur deux façons particulières de prier :
La prière vocale – seul(e) ou avec d’autres;
La prière mentale – ou méditation qui conduit à la contemplation.
J’essaierai de vous en dire le plus possible sur ces deux modes de prière, tout en sachant que tout ne peut être dit.

La prière vocale : publique
La principale source de la prière chrétienne est l’Eucharistie.
Mais il faudrait plus de temps que nous n’en disposons pour entrer dans cette prière par excellence.
Aujourd’hui, je me contenterai de vous parler de la prière de l’Église et de la prière mariale.

*      La prière de l’Église :
L’office divin : ou encore la Prière des Heures.
Cette prière est composée de plusieurs parties. Je n’en prendrai que trois.

*      L’invocation :

Toute prière des Heures commence par « Seigneur ouvre mes lèvres » ou « …viens à mon aide »
Ceci nous rappelle que c’est Dieu lui-même qui vient prier en nous. En priant cette invocation, nous implorons l’Esprit d’irriguer notre prière.
Également, nous traçons une petite croix sur nos lèvres ou nous faisons un grand signe de croix. Ainsi nous plaçons notre parole dans le mouvement de Dieu.

*      L’Hymne :

Sert à entrer dans la prière d’une façon facile et joyeuse. Elle nourrit la prière, surtout lorsque l’on récite les Heures. Mais elles sont destinées à être chantées.

*      Les Psaumes :

*      Selon Anselm Grün, bénédictin, la psalmodie des psaumes est une voie de contemplation.

*      Les mots des psaumes, dont cette prière est principalement composée, sont des paroles saintes. Ils prennent naissance dans le silence de Dieu. Ils jaillissent des profondeurs de son Cœur.
Si ces paroles tombent dans notre cœur et non dans notre mental nous serons conduits au Cœur de Dieu.
Que dire de la violence trouvée dans les psaumes ? Voici ce que dit Anselm et je cite :
« Les images et les symboles psalmiques donnent forme au contenus refoulés de notre inconscient, les canalisent et les expriment ». (Revue Prier, hors série, La prière des Heures, p. 6).

*   En d’autres mots, la psalmodie des psaumes nous libère de ce qui nous bloque. Elle nous aide à nous libérer de tout ce qui empêche la contemplation.
St Basile dit que la psalmodie des psaumes nous libère de la tristesse et fait en sorte que la joie peut rejaillir de nous.                                                                                                                                                                                                                             
Anselm dit encore : « Nous ne prions pas pour édifier Dieu ou l’attendrir sur notre sort mais pour diriger notre désir vers lui ».  (Ibid. p. 8)

         PRIÈRE MARIALE

*      J’aimerais m’arrêter un instant sur la prière que l’on adresse à Marie.  Cette prière peut entrer dans la prière vocale mais aussi dans la prière méditative et contemplative, dite mentale.
Comment prier Marie?
Pour certaines personnes, Marie tient une place essentielle dans leur vie, tandis que pour d’autres, la piété mariale est plutôt un devoir. Je n’entrerai pas dans le détail de cet énoncé car il touche la relation personnelle des personnes avec la Vierge Marie.
Prenons par exemple le Rosaire qui est la prière la plus traditionnelle et la plus simple qui soit.  C’est la prière du pauvre. C’est une sorte de mantra qui a pour but de nous conduire au silence et à Celui qui comble ce silence. Le Rosaire est une méditation des mystères de la vie de Jésus – de la crèche à la croix -  avec Marie. C’est une prière évangélique. Ce n’est pas une simple répétition d’Ave, récités plus ou moins consciemment.
Marie, en tant que personne humaine, a tout en commun avec nous hormis le péché. Si on ne peut prier Marie, prions avec elle. Marie a vécu de grandes joies en tant que Mère de Jésus mais aussi de très grandes souffrances. Faisons-les nôtres.
Marie a sûrement enseigné la prière à Jésus
         Marie est sûrement celle qui peut le mieux nous apprendre à prier : elle savait demander : « Ils n’ont plus de vin… »
         Elle savait contempler : …gardant en elle le souvenir des        événements vécus.
         Elle peut nous conduire à la transformation de nos vies :

         « Faites tout ce qu’Il vous dira ».

         Elle a accueillie la Parole de Dieu dans son cœur et dans son corps. Elle a porté Jésus et nous le donne encore aujourd’hui.

LA PRIÈRE MENTALE / MÉDITATION / ORAISON/contemplation

La méditation n’est pas une nouveauté dans la vie chrétienne ; elle a de profondes racines dans la tradition.

*      Méditer, c’est faire silence en nous pour rencontrer Dieu.

À la rencontre du Dieu à l’intérieur de nous.
Jean de la Croix dit : « Dieu est le centre de mon âme ». Et Julienne de Norwich disait : « Dieu est le point immobile au centre de moi-même ».
Et le Père de Montfort nous dit dans son cantique # 24 : v. 38
Mon âme, entre en ton cœur, laisse la bagatelle…à ton cœur Dieu t’appelle…tout ton bien est chez lui.
Ce qui est vraiment extraordinaire, c’est que ce silence, en dépit de toutes les distractions du monde moderne, est parfaitement possible pour chacun et chacune d’entre nous. Pour atteindre cet état de silence et d’immobilité demande que nous lui consacrions du temps, de l’énergie et de l’amour.

*      La méditation ne va pas de soi et demande une préparation.
Se fixer un temps et y tenir. C’est un rendez-vous avec Dieu.

La préparation à cet acte important est essentielle. Il s'agit de nous disposer à la prière. Préparer le sujet de notre prière, par exemple, choisir et lire un passage de l'Évangile ou un autre texte de la Bible la veille au soir.
Le lieu aussi est important. Sans rigueur, choisir un lieu qui conduit à la prière : Un espace ouvert; un sanctuaire. Changer parfois de lieu est bénéfique.
Un moine grec des premiers siècles disait : « Tu es un temple, ne cherche pas de lieu. »
«Le lieu saint», dit Jean-Marie Gueullette, «c’est nous».

Quelques conseils pouvant nous aider à la prière.
Début de la prière

*  Pour commencer la prière, je le signifie avec tout mon être, en établissant une « liturgie » personnelle (des gestes qui aident à me poser, à me mettre en présence ou plutôt à me rendre conscient(e) de la présence de Dieu).  Invoquer l’Esprit-Saint et lui demander de m’assister dans cette étape importante de ma journée.
Chacun et chacune trouve sa façon particulière d’entrer en prière.
*      Le mental a été comparé à un arbre majestueux rempli de singes turbulents qui sautent d’une branche à l’autre et ne cessent de piailler et de s’agiter. Dès que nous commençons à méditer, nous constatons à quel point cette image décrit bien l’agitation permanente dont notre mental est le siège. La prière ne consiste pas à augmenter cette confusion en essayant de la couvrir par un autre bavardage.

*      Je peux me servir d’une partie de psaume – « Du fond de ma détresse je crie vers toi, Seigneur… » Ps 130 ou encore : « O Dieu, mon Dieu, je te cherche…j’ai soif de toi… » Ps 62 – comme une terre aride, altérée, sans eau. Nous sommes cette terre asséchée. Imaginons-nous ainsi et tendons notre cœur vers la Source qui peut nous abreuver.

Je peux également faire des exercices de relaxation – devenir conscient(e) de chacune des parties de mon corps et au moyen de ma respiration laisser aller la tension et détendre mes muscles.
Se voir au haut d’un escalier et en descendre les marches doucement.
Il y a beaucoup de méthodes pour arriver à nous centrer et nous concentrer.
Il s’agit de se recevoir de Dieu – de s’accueillir de lui et de se recueillir (cueillir à nouveau) chaque jour, chaque instant.

Le corps de la prière
C’est ce qui se passe au plus intime de soi-même. Je dirais que c’est la partie qui concerne plus Dieu.
Le début et la fin de la prière nous appartiennent. S’y appliquer conditionne notre prière. Puis laisser Dieu agir.

Terminer sa prière en remerciant et en demandant la grâce de la fidélité.


À l’école du Carmel on donne trois mots clés pour entrer dans l’oraison : Corps, Cœur, Esprit.

Corps : Notre corps peut-être un obstacle à la prière dans le sens qu’il bouge sans cesse et nous empêche de nous concentrer.  Mais notre corps est aussi un instrument, un véhicule qui nous aide à nous unir à Dieu.
Prendre le temps de l’accueillir. La position de mon corps influence mon esprit : la droiture aide la respiration et la concentration, la prostration aide à alimenter des sentiments de repentir, la relaxation aide à nous centrer. Le recueillement intérieur est loin d’être automatique. Pour suivre, le corps a besoin de temps pour entrer dans la prière.
Facilement nous disons que la prière est un art, quelque chose que l’on apprend.  Oui, c’est vrai que l’on peut apprendre beaucoup de choses sur la prière. Mais finalement c’est en priant que l’on apprend à prier.

Esprit : Demander l’aide de l’Esprit Saint. Puis relire le texte choisi. Se laisser toucher,  ruminer la Parole, faire des liens, la creuser. Je me pose des questions : qu’est- ce que j’apprends de Jésus par sa Parole? Qu’est-ce que j’apprends de moi-même? À quelle conversion suis-je appelé? L’esprit prie en moi.

Cœur : le laisser parler, s’épancher, rejoindre mes émotions, les exprimer. St Augustin disait : « Le cœur est par excellence " le lieu où Dieu se découvre et se rejoint, le lieu où il est aimé et goûté " Puissions-nous en être conscients.
J’aimerais terminer cet enseignement en vous parlant de deux grands priants qui nous sont très proches et qui ont marqué notre histoire: St Louis-Marie Grignion de Montfort et la Bienheureuse Marie-Louise Trichet.

Le Père de Montfort a été un géant de la prière, un mystique.
v    Sa prière était centrée sur la Sagesse et sur Marie
Il a développé la Consécration à Jésus par Marie avec 33 jours de préparation
v    Il a demandé instamment la Sagesse
v    La prière embrasée
v    Le saint Rosaire
v    les 164  Cantiques
La grotte de Mervent était son refuge préféré pour s’adonner à la contemplation.

Marie-Louise, elle, se réfugiait dans son Oratoire intérieur.
« Mon aimable Jésus, faites-moi la grâce de mettre en pratique ce que vous avez la bonté de m’inspirer, qui est de travailler à faire au-dedans de moi un oratoire pour vous y loger. »  (En direct avec Marie-Louise, p. 71)
Prière pour terminer

 Sr Carmelle Dugas, fdls