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28 janvier 2012

Catechèse à l'école de Marie (5)

Commentaire sur 'La Vraie Dévotion' de Montfort ( 90 - 110)

Les dévotions ne sont pas toutes valables

Il est à remarquer que Montfort, reconnu pour son admiration pour Marie, nous appelle à être critiques quant aux dévotions mariales. Il précise : il y a des formes de dévotion qui induisent en erreur. Les adjectifs qu’il utilise attirent l’attention :"la grande et solide dévotion" (60,62),"les véritables dévotions" (90), "la vraie dévotion" (91) contrairement aux "fausses dévotions" (90). Il a parfois une manière directe de décrire certaines personnes qui fait penser au langage des prophètes dans la Bible, parfois de Jésus lui-même, et je devine que c’est voulu.

"Vraie" dévotion

D’où lui vient cette certitude pour prétendre qu’il prêche la dévotion vraie et authentique ?
Il en a donné une justification dans les numéros 60-89 : nous n’avons pas d’autre point de
départ que celui de la Bible, à savoir la double donnée : le fait que Dieu est venu vers son
peuple et puis la manière dont Il l’a fait.
La dévotion ou la piété est la réponse de l’homme à la proposition concrète de Dieu
et en ce qui concerne cette proposition il n’y a pas le choix.
À vrai dire il est possible d’y répondre de plusieurs manières, plus ou moins intense,
mais choisir une autre relation avec Dieu est une utopie. 
D’où le choix du mot ‘vraie’ dévotion, toute autre piété
est issue d’une image erronée de Dieu, et cela arrive souvent. Voilà son point de vue.
Vous vous souvenez peut-être encore du titre probable de son livre : Préparation au Règne
de Jésus Christ.
La dévotion chez lui n’est rien d’autre que le dévouement à ce Règne.
Le mot ‘dévotion’ le restitue bien : ‘se dévouer’, s’appliquer à, collaborer à…
Afin d’y parvenir au mieux, Marie est une aide précieuse, Montfort nous le rappelle
de plusieurs manières.

Une terminologie délicate

Il ne ménage pas ses mots. En réalité il ne veut pas déclencher de polémique,
mais il donne à réfléchir.
Notez les expressions: “Je trouve sept sortes de faux dévots et de fausses
dévotions à la Sainte Vierge, à savoir: 1º les dévots critiques; 2º les dévots scrupuleux;
3º les dévots extérieurs; 4º les dévots présomptueux; 5º les dévots inconstants;
6º les dévots
hypocrites; 7º les dévots intéressés”. 
L’auteur n’a pas la prétention de faire ici de la haute théologie, il veut être clair et précis.
L’attaque est menée hardiment (les numéros 92-104). Avoir une haute opinion de soi-même,
vivre des doutes, se limiter à des rites extérieurs, être instable comme une girouette, sauver
les apparences, s’imaginer que l’on peut acheter l’amour de Dieu… toutes des attitudes
humaines ! On s’y reconnait parfois !

Des portraits pointus

Les ‘dévots critiques’ sont fiers de leur érudition et de leur perspicacité.
Ils en déduisent qu’ils ont raison et que les autres ont tort. 
Ils veulent bien accepter que Dieu a impliqué Marie
dans son grand projet de sauver l’humanité, mais ils reculent devant des expressions
extérieures de la foi et trouvent la piété populaire ridicule.
Les 'dévots scrupuleux' craignent de déshonorer le Fils en honorant sa Mère,
et que par conséquent la dévotion mariale soit de l’idolâtrie. 
Ils ne comprennent pas qu’une prière à la
Vierge Marie puisse être un moyen pour aboutir à une relation plus intime avec Jésus.
Les ‘dévots extérieurs’ vont dans la direction opposée :
leur dévotion mariale se limite à des gestes extérieurs. 
Montfort donne des exemples : “Ils diront force de chapelets à la hâte,
entendront plusieurs messes sans attention, iront aux processions sans dévotion,
se mettront de toutes confréries mariales sans amendement de leur vie…”
Ce qui les attire c’est d’être incorporés dans un groupe, sans en vivre la spiritualité.
Les ‘dévots présomptueux’ s’imaginent d’être corrects :
“Sous prétexte qu'ils sont dévots à la Vierge,
ils dorment en paix dans leurs mauvaises habitudes,
sans faire beaucoup d’effort pour se corriger. 
Ils comptent sur le fait que Dieu va les pardonner…
Ils sont dévots à la Sainte Vierge, c’est ce qu’ils prétendent,
parce qu’ils portent le scapulaire; qu'ils disent tous les jours
sans reproche et sans vanité sept Pater et sept Ave en son honneur;
qu'ils disent même quelquefois le chapelet…  ceci est suffisant,
pensent-ils, et se réfèrent à des histoires qu’ils
ont entendues ou lues, vraies ou fausses, peu importe. ”
“Les ‘dévots inconstants’ sont dévots à la Sainte Vierge
par intervalles et par boutades:
tantôt ils sont fervents et tantôt ils sont tièdes,
tantôt ils paraissent prêts à tout faire pour son service,
et puis, un peu après ils ne sont plus les mêmes…
Ils changent volontiers d’avis.”
Ils ne tiennent pas compte qu’ils ont conclu une alliance à leur baptême,
et s’en soucient fort peu.
Pour établir un portait des ‘dévots hypocrites’,
l’auteur se limite à quelques mots, mais suffisamment clairs. 
Par leurs pratiques de dévotions, ils veulent se faire passer pour ce
qu’ils ne sont pas.  Ils tiennent à être vus et à se faire passer
pour des personnes pieuses.
Leur dévotion est orientée vers les hommes,
elle n’a rien à voir avec de la piété, mais est plutôt de l’autoglorification.
Les ‘dévots intéressés’ prennent refuge auprès de Marie
seulement quand ils en ont besoin : gagner un procès, un danger imminent,
une maladie… “sans quoi ils l'oublient” précise Montfort. Par contre,
s’ils sont vraiment consacrés au Royaume de Jésus, dira-t-il plus loin,
ils peuvent pleinement compter sur la bienveillance maternelle de Marie.

La dévotion ‘véritable’

À quoi peut-on donc reconnaître la véritable dévotion mariale ?
Remarquez qu’ici Montfort n’en donne que des propriétés
et ne précise pas encore en quoi elle existe.
Intérieure.
La vraie dévotion mariale découle d’une compréhension correcte
de l’agir de Dieu envers les hommes et du rôle qu’Il attribue à Marie.
Cette compréhension mène à la respecter
et à s’attacher à elle.
Tendre. La vraie dévotion mariale est un fruit de la simplicité et de la confiance.
En effet, Jésus lui-même en est le fondement, lorsque, sur la Croix,
Il donna à Marie la mission d’être
‘mère’ pour le disciple et qu’Il demanda au disciple de l’accepter comme ‘mère’.
Il s’agit d’un don précieux aux pauvres croyants de tous les temps.
Une relation mère-enfant est
caractérisée par une confiance extrême.
À temps et à contretemps, l’enfant compte sur sa mère et se jette dans ses bras.
Sainte. En s’adressant à Marie de la bonne manière, elle réagit et se met à l’œuvre.
Pensez à la façon dont Montfort relate la mission qu’elle a reçue du Saint Esprit :
“Jetez les racines de toutes vos vertus dans mes élus,
afin qu’ils croissent de vertu en vertu, de grâce en grâce”
(cf. 34). On va lui ressembler de plus en plus, elle qui est ‘pleine de grâces’.
Constante. La vraie dévotion mariale aide à tenir dans la foi et à ne pas se laisser influencer.
La Parole de Dieu, sa promesse, est la pierre angulaire de la prière, de la confiance.
Lors d’un moment d’inconstance, de peur ou de tristesse, Marie vient à l’aide.
Elle renforce la confiance
en Dieu et soutient la constance.
Désintéressée. La connaissance de l’agir de Dieu et la décision de travailler
avec Jésus à l’avènement du Royaume, contribuent à discerner ce qui
est le plus important.  On ne cherchera pas à avoir la meilleure place dans le ciel,
et encore moins à siéger à la droite ou
à la gauche de Jésus, mais à collaborer avec Lui.
Etre disponible comme Marie autant sur le Calvaire qu’au noces de Cana, dit Montfort.

Il s’agit d’un comble de dévotion, qui en est capable ? Sans aide, vous n’y arriverez
pas. 
Montfort vous indiquera de précieux moyens. Nous en parlerons la prochain
e
fois.



Frans Fabry

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