La mise en pratique
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Ecriture du Père de Montfort |
Après avoir indiqué le bien
fondé de la dévotion qu’il propose, notre auteur entame sa mise en pratique. Il
commence une nouvelle page et avec de grands et beaux caractères il
marque : « Pratiques particulières de cette dévotion ».
‘Avancer’
Rappelons-nous le numéro 119: « Comme l'essentiel de cette dévotion
consiste dans l'intérieur qu'elle doit former, elle ne sera pas également
comprise de tout le monde: quelques-uns s'arrêteront à ce qu'elle a
d'extérieur, et ne passeront pas outre, et ce sera le plus grand nombre;
quelques-uns, en petit nombre, entreront dans son intérieur, mais ils n'y
monteront qu'un degré. Qui est-ce qui montera au second? Qui parviendra
jusqu'au troisième? Enfin, qui est celui qui y sera par état? Celui-là seul, à
qui l'Esprit de Jésus Christ révélera ce secret, et y conduira lui-même l'âme
bien fidèle pour avancer de vertus en vertus, de grâce en grâce, et de lumières
en lumières pour arriver jusqu'à la transformation de soi-même en Jésus Christ,
et à la plénitude de son âge sur la terre et de sa gloire dans le ciel. » Comme
dit précédemment, chaque élément de ce passage mérite une attention
particulière, ici j’attire l’attention sur la dynamique de sa composition. Il
s’agit d’un processus qui conduit à l’âge adulte chrétien, avancer pas-à-pas à
la transformation en Jésus Christ.
L'intérieur qui doit être formé
Qu’entend l’auteur par "l'intérieur qui doit être formé ? "
Dans son Secret de Marie nous trouvons
une réponse brève qui fait comprendre que Montfort vise très haut et qui
suppose un cheminement qui prend du temps, voire toute une vie: « Ame,
image vivante de Dieu et rachetée du Sang précieux de Jésus Christ, la volonté
de Dieu sur vous est que vous deveniez sainte comme lui dans cette vie, et
glorieuse comme lui dans l'autre. L'acquisition de la sainteté de Dieu est
votre vocation assurée… O ouvrage admirable ! … il n'y a que Dieu qui, par une
grâce, et une grâce abondante et extraordinaire, puisse en venir à bout… » (SM
3). Voilà ce que l’on apprend à l’école de Marie. Les exercices que Montfort va
proposer nous conduisent à cette école.
Un tournant
Comme Abraham, comme Moïse... comme Marie, le baptisé est supposé d’oser
donner une réponse à la proposition du Seigneur, supposé de se mettre en
mouvement et devenir coopérant, même sans savoir où cela le conduira.Tout au
long de sa vie, le père de Montfort a été en contact avec des pères jésuites et
il est très probable qu’il ait connu le chemin spirituel de saint Ignace, un
chemin qui conduit à l’union au Christ. Nous ignorons s’il a suivi les exercices
de saint Ignace, mais nous constatons qu’il se sert d’un schéma semblable,
c’est-à-dire opter pour un temps continu qui conduit à un contrat avec le
Seigneur (renouvellement officiel de son alliance avec Dieu). Pour que cette
alliance soit davantage solide et efficace, avec assurance Montfort conseille
de faire appel à l’aide de la Vierge Marie. Il demande de réserver au moins
douze jours, pour se situer par rapport à la Bible, la Parole de Dieu qui
invite à devenir acteur dans son agir en cours, suivis de trois semaines de
prière assidue (227). Parmi ceux qui ont entamé le cheminement que Montfort
propose, plusieurs parlent d’un tournant dans leur vie. La façon dont le père
de Montfort encadre le jour de la consécration montre bien, qu’à ses yeux
aussi, il s’agit d’une démarche très engageante.
Les douze jours
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La Bible |
Les trois semaines
Notre auteur suggère pour la première semaine de demander la grâce de la connaissance
de soi-même. À cause du langage imagé – il nous compare à des escargots,
limaçons, crapauds, cochons, serpents et boucs – plusieurs classent Montfort
parmi les négativistes qui dénigrent tout ce qui est humain. Or, avec ironie,
il veut secouer le lecteur. Les expressions plastiques renvoient aux numéros
78-82 où il met en contraste notre pauvreté par rapport à l’homme parfait Jésus
Christ, notre modèle assuré. C’est dans la prière qu’on peut acquérir une
parfaite humilité : « Ils prieront Notre-Seigneur et son Saint-Esprit de
les éclairer, par ces paroles : " Seigneur, fais que je voie ", ou "
Que je me connaisse ", ou " Viens, Esprit Saint " et " diront
tous les jours les litanies du Saint-Esprit… Ils auront recours à la Très
Sainte Vierge, et lui demanderont cette grande grâce qui doit être le fondement
des autres, et pour cela ils diront tous les jours l'Ave Maris Stella et ses
litanies » (228). Le climat de prière est indispensable durant tout le
circuit des 30 jours.
« Pendant la seconde semaine, ils s'appliqueront dans toutes leurs
oraisons et œuvres de chaque journée, à connaître la Très Sainte Vierge. Ils
demanderont cette connaissance au Saint-Esprit. Ils pourront lire et méditer ce
que nous en avons dit (cf. 16-36 et 83-89). Ils réciteront, comme la première
semaine, les litanies du Saint-Esprit et l'Ave Maris Stella, et, de plus, un
rosaire tous les jours, ou du moins un chapelet, à cette intention »
(229).
« Ils emploieront la troisième semaine à connaître Jésus Christ. Ils
pourront lire et méditer ce que nous en avons dit (cf. 61-77), et dire
l'oraison de saint Augustin (cf. 67). Ils pourront, avec le même saint, dire et
répéter cent et cent fois par jour: " Seigneur, que je te connaisse !
" ou bien : " Seigneur, que je voie qui tu es’! Ils réciteront,
comme aux semaines précédentes, les litanies du Saint-Esprit et l'Ave Maris
Stella, et ajouteront tous les jours les litanies du Saint Nom de Jésus »
(230).
En tant que pédagogue
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Le père de Montfort |
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