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7 mai 2012

Catéchèse à l'école de Marie (8)


Commentaire sur La Vraie Dévotion de Montfort (134 - 182) 

Montfort éveille l’esprit du lecteur

« Il faut maintenant que nous voyions, le plus brièvement que nous pourrons, les motifs qui doivent nous rendre cette dévotion recommandable», Montfort au n°134. Après avoir développé le spécifique de la ‘dévotion’, il consacre ses énergies à éveiller l’esprit du lecteur et l’encourager à se jeter dans les bras de la Sainte Vierge, étant convaincu que c’est la façon la plus efficace pour contribuer au Règne de Dieu.  Le service de Dieu, voilà l’unique objectif.
L’excellence de cette ‘dévotion’

L’auteur commence par une constatation. On ne peut concevoir d’emploi plus relevé que le service de Dieu ; il n’y a pas de serviteur plus noble que celui qui se dévoue à son service entièrement et sans réserve. « Tel est un fidèle et amoureux esclave de Jésus en Marie, qui s'est donné tout entier au service de ce Roi des rois, par les mains de sa sainte Mère, et qui n'a rien réservé pour soi-même » (135). Et il n’y a pas de doute, le Seigneur sera généreux vis-à-vis de celui qui se montre généreux envers lui.

L’agir de Dieu dans les évangiles

Montfort ne fait pas ici une exégèse au sens strict du terme, mais lisant entre les lignes des évangiles, il s’étonne devant l’humiliation du Seigneur qui s’incarne. Lui, de condition divine, a pris la condition du serviteur ! Voilà une image inattendue de notre Dieu. « C'est ici, dit l’auteur, que l'esprit humain se perd, lorsqu'il fait une sérieuse réflexion à cette conduite de la Sagesse incarnée, qui n'a pas voulu, quoiqu'elle pût le faire, se donner directement aux hommes, mais par la Très Sainte Vierge; qui n'a pas voulu venir au monde à l'âge d'un homme parfait, indépendant d'autrui, mais comme un pauvre et petit enfant, dépendant des soins et de l'entretien de sa sainte Mère » (139).

L’auteur résume ce qu’il a écrit précédemment quant à la place unique de la Vierge Marie dans l’agir du Père, du Fils et du Saint Esprit (cf. 14-39) : « Le Père n'a donné et ne donne son Fils que par elle, ne se fait des enfants que par elle, et ne communique ses grâces que par elle; Dieu le Fils n'a été formé pour tout le monde et engendré que par elle dans l'union au Saint-Esprit, et ne communique ses mérites et ses vertus que par elle; le Saint-Esprit n'a formé Jésus-Christ que par elle, ne forme les membres de son Corps mystique que par elle, et ne dispense ses dons et faveurs que par elle ». Et il conclut : « Après tant et de si pressants exemples de la très Sainte Trinité, pouvons-nous, sans un extrême aveuglement, nous passer de Marie, et ne pas nous consacrer à elle, et dépendre d'elle pour aller à Dieu et pour nous sacrifier à Dieu? » (140).

La Vierge Marie prend sa mission à cœur !

« La Vierge Marie qui ne se laisse jamais vaincre en amour et en générosité…se donne aussi tout entière et d'une manière ineffable à celui qui lui donne tout. Elle … l'éclaire de sa lumière; elle l'embrase de son amour; elle lui communique ses vertus : son humilité, sa foi, sa pureté… Enfin, comme cette personne consacrée est toute à Marie, Marie est aussi toute à elle… » (144). Voilà ce qui arrive à celui qui fait comme saint Jean et ‘prend Marie pour tous ses biens’. Cette présence active transformera progressivement cette personne et, comme Montfort le dira plus loin, de plus en plus elle deviendra semblable à Marie.

Contribuer à la gloire de Dieu

A plusieurs reprises dans la Bible, le Seigneur rappelle aux hommes que ses pensées ne sont pas nos pensées, alors qui peut prétendre savoir ce qui est le plus profitable pour la gloire de Dieu (la gloire de Dieu étant la réalisation de son grand projet ‘terre nouvelle et cieux nouveaux’) ? Montfort : « Presque personne n'agit pour cette noble fin, quoiqu'on y soit obligé, soit parce qu'on ne connait pas où est la plus grande gloire de Dieu, soit parce qu'on ne la veut pas. Mais la Très Sainte Vierge, à qui on cède la valeur et le mérite de ses bonnes œuvres, connaît parfaitement où est la plus grande gloire de Dieu ». C’est pourquoi n’hésitez pas à lui confier tous vos engagements.

Un chemin de choix : il conduit à l’union au Christ

« Cette dévotion est un chemin aisé, court, parfait et assuré pour arriver à l'union avec Notre-Seigneur, où consiste la perfection du chrétien » et l’auteur précise :
1°. C'est un chemin aisé, « un chemin que Jésus Christ a frayé en venant à nous, et où il n'y a aucun obstacle pour arriver à lui. On peut, à la vérité, arriver à l'union divine par d'autres chemins; mais ce sera par beaucoup plus de croix…, de plus, des grands saints ont passé par ce chemin aisé que le Saint Esprit leur a montré (152).

2º Cette dévotion est un chemin court pour trouver Jésus Christ. Il n’est pas toujours facile de vivre en chrétien, soit parce qu'on est faible, soit qu’on hésite à faire des choix, « mais, avec l'appui, l'aide et la conduite de Marie, sans tomber, sans reculer et même sans se retarder, on avancera à pas de géant vers Jésus Christ » (155). Montfort engage son autorité : « c'est dans le sein de Marie, dis-je, que les jeunes gens deviennent des vieillards en lumière, en sainteté, en expérience et en sagesse, et qu'on parvient en peu d'années jusqu'à la plénitude de l'âge de Jésus Christ » (156). Une fois de plus, Montfort définit l’idéal du chrétien : arriver à la plénitude de l’âge de Jésus !

3º Cette dévotion est un chemin parfait pour aller et s'unir à Jésus Christ. Plus haut Montfort marquait que le mystère de l’incarnation dépasse de loin la capacité de l’intelligence humaine, ici il se sert d’une image concrète et parle du ‘grand et admirable voyage’ que le Seigneur a entrepris pour venir rejoindre les hommes. « L'Inaccessible s'est approché, s'est uni étroitement, parfaitement et même personnellement à notre humanité par Marie, sans rien perdre de sa Majesté ». Lors de ce voyage, le séjour de Jésus dans le sein de sa mère était une étape importante. Dans ce même milieu, le sein de Marie, aura lieu un autre aspect de l’incarnation : la transformation de l’homme à l’image de Dieu: « Celui qui Est a voulu venir à ce qui n'est pas, et faire que ce qui n'est pas devient Dieu ou Celui qui Est… » (157). Comme Jésus l’exprimait devant le vieux Nicodème, tout étonné : « à moins de naître d’en-haut, nul ne peut voir le Royaume d’en-haut » (Jn 3,3). Il nous faut renaître, et pour toute naissance une mère est indispensable.

4º Cette dévotion à la Très Sainte Vierge est un chemin assuré. Pour argumenter cet énoncé, il réfère à l’histoire chrétienne et cite des témoignages de théologiens et personnes d’autorité qui sont parvenus à la sainteté. Sa conclusion : « Quiconque donc, sans crainte d'illusion, veut avancer dans la voie de la perfection et trouver sûrement et parfaitement Jésus Christ, qu'il embrasse avec grand cœur cette dévotion à la Très Sainte Vierge, qu'il n'avait peut-être pas encore connue »  (168).

La liberté des enfants de Dieu

« Cette pratique de dévotion donne une grande liberté intérieure, qui est la liberté des enfants de Dieu ». C’est paradoxal : se donner pleinement à quelqu’un et acquérir une grande liberté, mais souvent c’est une grande vérité, surtout dans ce cas, car on se donne à Jésus et à Marie qui élargissent le cœur de l’homme et y créent de la place pour beaucoup d’autres. Montfort ajoute une petite histoire illustrative (169-170).

Et l’amour du prochain ?

Le missionnaire a dû répondre souvent à des questions de personnes inquiètes qui s’imaginaient qu’en se livrant entièrement à Jésus et à Marie, elles faisaient du tort à leurs proches, ceux pour qui elles priaient et faisaient des sacrifices. C’est pourquoi dans son écrit il fit réfléchir le lecteur en disant qu’il est impensable que Dieu, qui est amour, ferrait du tort, ni à ceux qui s’engagent pleinement à son service, ni à leurs proches !

Un moyen efficace pour rester fidèle

Une dernière réflexion du missionnaire : on porte souvent le trésor de nos bonnes intentions dans un vaisseau fragile. Un oubli ou une inattention peuvent procurer des fissures, voire de la casse.  Marie qui est restée fidèle dans les pires circonstances, vient au secours de celui qui trébuche. « Elle obtient la fidélité à Dieu et la persévérance à ceux et celles qui s'attachent à elle. C'est pourquoi un saint la compare à une ancre ferme, qui les retient et les empêche de faire naufrage dans la mer agitée de ce monde où tant de personnes périssent faute de s'attacher à cette ancre ferme… Elle aime ceux qui l’aiment non seulement d'un amour affectif, mais d'un amour effectif et efficace… » (175). « La ‘divine’ Marie ne se laisse jamais vaincre en amour et en libéralité ! » (181).

Frans Fabry

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